Le dessein intelligent (« Intelligent Design »)
Si vous pensez que la nature est trop belle pour être le fruit du hasard, c’est certainement que vous confondez évolution et hasard ! Il est donc temps de faire un petit point sur les forces et faiblesses de la théorie darwinienne de l’évolution face au créationnisme scientifique.
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6 découvertes qui invalideraient la théorie de l’évolution
Et si l’évolution était fausse ? Voici une liste de 6 découvertes qui feraient changer d’avis à Darwin concernant la théorie de l’évolution des espèces.
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« Le créationnisme n’est pas une science » conférence de Guillaume Lecointre
Guillaume Lecointre, enseignant-chercheur (UMR 7205), zoologiste, systématicien, professeur du Muséum national d’Histoire naturelle
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Qu’est-ce que le créationnisme ? je ne parlerai pas du créationnisme philosophique qui postule seulement qu’une entité ait pu être à l’origine créatrice des réalités de ce monde car les scientifiques collectivement organisés ne prescrivent rien en matière de philosophie.
Je ne parlerai pas non plus du créationnisme des scientifiques des siècles passés avant le 18e siècle, en effet les scientifiques travaillaient sous le contrôle des théologiens et la création divine faisait partie de l’explication scientifique du monde réel par exemple pour le botaniste suédois Carl Linné la classification du vivant se proposait de restituer à l’intelligence des hommes le plan divin de création à travers la classification et donc faire de la botanique ou de la zoologie à l’époque de Linné ça s’inscrivait dans un cadre de création divine.
Je ne parlerai pas donc de ces aspects historiques et on va se pencher plutôt sur le créationnisme d’aujourd’hui, ses prétentions, le créationnisme contemporain qui se qualifie lui-même de scientifique parce que c’est bien d’un télescopage entre le monde de la religion et le monde des sciences dont il s’agit ici.
d’abord j’ai cité « religion » et j’ai cité « science » donc il y a deux grandes catégories de posture cognitive à éclairer d’abord la posture du savoir le travail des
scientifiques s’inscrit dans la production de savoir et la garantie de la fiabilité de ces savoirs d’une part et d’autre part le mot croyance religieuse parce que les
créationnismes actifs politiquement aujourd’hui sont tous affiliés à des églises c’est-à-dire des systèmes de croyances religieuses instituées.
Une église par définition est instituée. Tout d’abord le savoir scientifique on pourra tout de suite caractériser le fait qu’il est produit collectivement c’est à dire que c’est le fruit d’un collectif de travail. Ce collectif de travail à l’échelle internationale produit du dialogue et à travers ce dialogue il produit la validation de savoirs scientifiques qui sont testés et rationnellement discutés. il y a deux propriétés au savoir scientifique fondamental la première c’est son caractère collectif: aucun résultat scientifique n’arrivera dans des livres scolaires s’il n’a pas été corroboré par plusieurs équipes d’indépendantes au cours d’un processus de stabilisation de la consensus scientifique dans la communauté scientifique et la deuxième caractéristique c’est le fait que le savoir scientifique et le savoir en général se justifie: « quand je sais quelque chose je sais expliquer pourquoi je le sais » c’est à dire je sais développer une argumentation rationnelle qui fonde la validité de mon savoir. Le travail scientifique, la production scientifique, les résultats scientifiques sont légitimes parce qu’ils sont une course permanente et collective à la justification d’un savoir qui lui-même est tout le temps remise en cause. il y a un caractère fondamentalement dynamique au savoir. Il y a 5 ans on donnait à l’espèce humaine un âge de 200 000 ans puis il y a quelques années de nouveaux fossiles ont été découverts en Afrique et tout à coup on donne 50% d’âge d’ancienneté en plus à Homo sapiens. Aujourd’hui Homo sapiens s’est donné pour 300 000 ans. On voit bien que les savoirs changent au cours du temps et donc c’est ce caractère dynamique du savoir qui caractérise sa légitimité. Si on poussait le bouchon un peu loin on pourrait dire que les savoirs
scientifiques sont légitimes parce qu’ils sont périmables c’est-à-dire que ce qu’on a aujourd’hui c’est ce qu’on a de mieux mais avec les discussions qui se produisent en permanence sur les savoirs acquis, demain ça pourrait être différent. Ça c’est une caractéristique fondamentale de l’approche scientifique du monde.
Intéressons-nous maintenant par contraste à la posture cognitive qui relève de la croyance religieuse, croyance au sens général du terme c’est faire confiance. C’est vrai qu’on passe la plupart du temps de sa journée à croire les autres et heureusement d’ailleurs parce que sans ça on ne pourrait pas vivre en société. J e crois que la Poste va être capable d’emmener mon enveloppe à son destinataire. Si je ne crois pas en la poste, je ne pose pas mon enveloppe dans la boîte aux lettres. Pour faire société commune, on a besoin de se faire confiance donc si je prends la croyance au sens très général, la croyance est utile et elle peut même fonctionner comme anti-chambre du savoir, notamment à l’école. On demande à l’école aux enfants de croire l’enseignant et on espère bien d’ailleurs que les élèves croient et font confiance en leur enseignant. Mais c’est une crédulité qui est productive parce que le contenu de l’enseignement même, c’est du savoir. La posture de l’élève, c’est une posture de crédule mais rien n’empêche à ce que l’élève puisse lever la main et demander à l’enseignant de justifier ce qu’il dit. Donc cette posture de crédule à ce moment-là c’est une crédulité « ouverte », c’est une crédulité qui est conçue comme un marchepied vers l’acquisition d’un savoir. D’explication en explication, l’élève ou l’étudiant finira lui-même par pouvoir justifier ce qu’il tient pour fiable.
Dans le cas de la croyance religieuse, il y a un adjectif en plus. Il y a le mot religion et la racine étymologique du mot « religion » s’inscrit dans le lien. Non seulement la religion va lier entre eux les coreligionnaires autour d’une croyance. Cette croyance commune va faire ciment du collectif qui croit. Mais aussi le lien c’est le lien de chaque religieux avec la transcendance à laquelle il croit. Donc il y a un double lien il y a un lien avec la transcendance et il y a un lien social . Le contraste dont il s’agit ici de faire ressortir, c’est que: autant le savoir et la croyance religieuse sont tous des phénomènes collectifs. Autant sur la légitimité, on n’est pas du tout sur les mêmes postures cognitives. La croyance religieuse est légitime parce que ce qui est cru, je l’ai reçu par confiance ou par autorité d’un texte ou d’un parent ou d’un proche ou par introspection mais ce qui est cru tient sa légitimité surtout du fait que c’est immuable. Et ça c’est particulièrement vrai des trois monothéismes, des religions du texte. Ce qui est cru est légitime parce que le texte est érigé en vérité en quelque sorte. Il n’est pas supposé subir le feu du test. Il subit l’exégèse bien sûr, il subit l’interprétation, il y a tout un travail de théologiens pour adapter l’interprétation des textes au monde dans lequel ils vivent mais néanmoins le contenu fondamental de ce texte n’est pas supposé être légitime parce qu’il est périmable. Il n’est pas censé être périmable alors que le savoir scientifique on l’a vu tout à l’heure lui il est dynamique et justement potentiellement périmable et ça on le sait. Demain ça peut changer.
Ne demandez pas à un religieux si demain son texte sacré sera susceptible de changer. Ce n’est pas la question en fait. J’irais même plus loin si on demande à un religieux, quelle que soit la religion, de justifier rationnellement sa religion, c’est absurde parce que ce n’est pas du tout le même ressort cognitif sur lequel on est. En fait les ressorts de la légitimité et les ressorts simplement mentaux ne sont pas les mêmes. On est dans une posture de croyance et d’appartenance sociale dans le cas de la croyance religieuse. On est dans une posture de dynamique sociale certes parce qu’il existe évidemment une société des chercheurs mais on est dans une posture de remise en cause fondamentale de ce que les prédécesseurs ont trouvé et de ce que je trouve moi-même: plus ce que je trouve est surprenant plus je dois le remettre en cause de manière à vérifier que je ne fais pas une erreur. Le scientifique est toujours sceptique quant au résultat qui sortent et d’ailleurs se laisse même surprendre par des résultats inattendus. Si c’est robuste et bien on va aller publier ces résultats inattendus. C’est
toujours une prise de risque mais on a plaisir à discuter avec ses collègues pour mettre à l’épreuve ce qu’on a trouvé.
Si on a bien compris les deux différences de dynamique, comment peut s’inscrire un créationnisme scientifique là-dedans? un créationnisme scientifique, tel qu’il se présente aujourd’hui, va utiliser le vernis de la science pour essayer d’asseoir le contenu du dogme en quelque sorte, le contenu de ce qui est cru.
Dans les années 69 70 les plus connus sont les « Creationist Science American » qui vont proposer un programme qui consiste à prouver scientifiquement le contenu littéral de la Genèse biblique et évidemment il s’agit là de nier l’évolution biologique, l’évolution du vivant. L’évolution a toujours gêné les franges les plus conservatrices des trois monothéismes. Il s’agit pas de dire que l’ensemble des monothéistes sont créationnistes, c’est pas du tout le propos, mais disons que chacun dans la frange la plus conservatrice il y a des tentatives voire même des actions politiques délibérément créationnistes c’est-à-dire dans le sens où on va habiller le propos religieux de la création avec les oripeaux de la science en créant même parfois des faux et surtout en manipulant les concepts scientifiques. Alors pour les créationnistes de la vieille école, c’est un peu grossier trouver le contenu littéral de la genèse biblique. Les scientifiques baissent les bras ou haussent les épaules je ne sais pas mais si ce que ce qui est approuvé est déjà tenu pour vrai puisque c’est inscrit dans le texte, c’est pas la peine de commencer à chercher à le prouver. Si vous avez déjà la conviction de quelque chose, toute expérience sur le monde réel toute action sur le monde réel qui consisterait à le faire réagir pour en interpréter rationnellement une conclusion, cette démarche-là est inutile si on a déjà la conviction, avant d’avoir commencé à poser la question en quelque sorte. Et donc évidemment là les bras nous en tombent mais il y a des formes plus sophistiquées de cette interface politique entre le créationnisme politiquement organisé aux États-Unis ou même dans des certains pays musulmans aussi d’ailleurs et la science, il y a d’autres versions par exemple la version plus récente enfin plus récente quelle date déjà du milieu des années 90. Cette version qu’on appelle » l’Intelligent Design » aux États-Unis c’est-à-dire le « Discovery Institute » à Seattle qui sécrète une pensée qui consiste à dire que le monde réel est mieux expliqué par une intervention intelligente qu’il ne le serait par le hasard, la sélection naturelle, les processus naturels.
Et ils sont malins parce que en parlant d’intervention intelligente, c’est une intervention providentielle. Ce qui intervient à l’origine de l’harmonie entre les formes et les fonctions de la nature n’est jamais spécifié. On ne dit jamais qu’est-ce qui intervient donc on peut rallier à soi des bouddhistes des musulmans des protestants, des catholiques enfin c’est un socle de discussion fédérateur pour incorporer, dans la démarche scientifique, un principe philosophique qu’on appelle la Providence. Et c’est pas plus compliqué que ça mais s’est amené avec des documents sophistiqués qui tiennent de la biologie cellulaire, qui tiennent de la régulation génétique etc donc le public a l’impression qu’il voit des gens instruits, très éduqués, très techniques dans les discussions et il y a une espèce d’écran de fumée technique qui leur fait oublier finalement l’absurdité épistémologique qui consiste à faire intervenir la Providence au laboratoire. Et ça je vais vous le faire avec les mains façon CM2. Dans une classe de CM2, les gamins et le comprennent: Madame pourquoi il y a des vagues sur la mer? ah mais chers enfants c’est la Providence qui est pourvoit. Ah très bien Madame, pourquoi les chats ont-ils des poils? ah mais c’est la Providence qui a donné les poils au chat. vVa très bien, ah oui Madame pourquoi les feuilles des arbres sont vertes? ah mais c’est la Providence qui a pourvu voilà il y a un moment ça va bien pour chaque question spécifique à laquelle un esprit curieux surtout un jeune esprit curieux attend une réponse spécifique. Si c’est toujours la même réponse que l’on donne, si on a l’explication unique du « Grand Tout », en réalité on n’a rien expliqué. Et ça le scientifique le sait. La Providence au laboratoire: si à la moindre difficulté expérimentale ou difficulté d’interprétation, on peut se permettre d’invoquer une intervention providentielle, ce n’est plus la peine de faire une expérience en quelque sorte. On peut se permettre d’être optimiste sur le plan pédagogique. Très jeunes, les enfants le comprennent, s’ils ne sont pas encore emprisonnés dans une cristallisation idéologique qui est celle de la religion de leur famille, à un âge où ils sont encore malléables et qu’ils ont plein de questions à poser sur le monde. Ils attendent des réponses spécifiques à des questions spécifiques et non pas une réponse unique. Voilà à quel point le créationnisme qui se dit scientifique est absurde, si on a évidemment un esprit scientifique.
Et pour terminer sur le volet politique: autant d’énergie dépensée au cours des décennies, des instituts qui ont financé de faux musées de la création en Suède en Suisse aux États-Unis il y en a plusieurs. De l’argent et de l’énergie pourquoi ? ne soyons pas naïf: la bataille elle n’est pas scientifique, la bataille, elle ne vise pas le monde des laboratoires. Personne ne cherche à convaincre les chercheurs du sérieux du créationnisme scientifique « qui se dit scientifique ». La bataille, c’est une bataille de la culture, c’est une bataille du monde scolaire. Le but principal du Discovery Institute à Seattle est inscrit dans un document public qu’on peut consulter sur le web qui s’appelle le Wedge Document . Ils expliquent que le but est de convaincre l’inteligencia américaine de réintroduire la Providence dans l’ensemble des aspects de la vie publique, le législatif et surtout l’éducatif. La bataille, c’est l’école en fait. Les efforts du créationnisme ont toujours à réussir à faire rentrer dans les écoles publiques cette idée que le monde tel que l’on voit ici, est le fruit d’une création qui fait intervenir une providence. Et il y a un télescopage évidemment avec ce que dit la science sur le monde réel parce que la science, qu’est-ce qu’elle dit ?, elle ne dit pas qu’il n’y a pas de création. Elle dit que l’on ne sait pas travailler avec des entités conçues à priori comme immatérielles. On ne sait pas travailler avec l’âme par exemple. D’ailleurs on est d’accord avec Jean-Paul II qui nous dit, en octobre 1996, que l’âme reste une création immatérielle de Dieu. Très bien, les neurobiologistes n’utilisent pas le concept d’âme. C’est un concept inopérant, inaccessible à la science. On ne sait pas travailler avec les anges. Dites-moi si ce qui a fait foirer votre manip, c’est un ange qui passait. Les scientifiques ne peuvent pas travailler avec les anges non plus. Ils sont déclarés conçus à priori comme « immatériel ». Ce ne sont pas des entités qui ont été inventées par des scientifiques mais ceux qui les ont inventé, les ont déclarés par définition immatériel. Les fantômes qui traversent les murs, les esprits etc. Donc ça veut dire quoi ça en contrepoint? Ça veut dire que les scientifiques ont un contrat de travail qui est souvent implicite, qui n’est jamais suffisamment rappelé, un contrat de travail qui consiste à dire: là dans le monde réel, je ne sais pas ce qu’il y a, mais il y a au moins un truc dont je sais en parler: c’est la matière. Alors la matière sur le plan philosophique, rappelons-nous c’est ce qui change, c’est ce qui est capable de changer. Que vous la regardiez dans sa version hard, tangible ou que vous la regardiez sous forme d’énergie. Quelle que soit la manière que vous regardez, elle est quelque chose. Lorsque vous appuyez dessus, ça réagit. Comme ça réagit, on peut faire une manip. En fait on peut faire une manip et ça c’est ce qu’on appelle une condition de travail. Donc les scientifiques collectivement organisés ne remplaceront pas les philosophes. Ils ne diront pas tout est matière. Ils ne diront pas tout esprit.Ils diront pas non plus tout est matière et esprit. Ça c’est ce qu’on appelle le « dualisme philosophique ». Les scientifiques savent simplement que leurs conditions de travail consistent à faire réagir ce qui peut réagir là dehors dans le monde réel. La Providence ne réagit pas. Les anges ne réagissent pas. Les fantômes non plus.
Donc les entreprises, les initiatives créationnistes qui voudraient nous faire croire que la Providence peut être réintroduite dans l’espace d’un laboratoire ou d’une enquête sociologique, que l’intervention divine puisse être invoquée, ces créationnistes nous font reculer, il faut bien le dire, 250 ans en arrière parce que l’émancipation des sciences dans l’histoire occidentale et orientale aussi, et une grosse partie des progrès des sciences ont justement été permises du fait que nous avons reculé pour mieux sauter. C’est-à-dire que nous n’avons plus prétendu avoir accès à ces instances immatérielles.
En France avec Diderot et Buffon par exemple, le nouveau programme scientifique du milieu du XVIIIe siècle c’est expliquer la nature à partir des seules ressources de la nature. C’est à dire que la vocation de la providence, de la volonté divine, Buffon l’avait compris, Diderot aussi c’est une renonciation épistémologique en quelque sorte. Si on se permet d’invoquer ça, ce n’est pas la peine de commencer à vouloir faire une manip pour interpréter le monde et donc les scientifiques ont restreint leur légitimité au monde physique, ont laissé la métaphysique aux philosophes et aux théologiens. Ils se sont restreints au monde physique pour gagner en puissance épistémologique et c’est ce qui s’est produit en fait. Et donc le créationnisme moderne qui voudrait nous faire réintroduire une conception intelligente à l’origine de nos explications scientifiques du monde nous font reculer 250 ans en arrière.
Et ça vaut le coup d’être dit non seulement pour les scientifiques, mais aussi dans nos systèmes éducatifs français mais pas seulement
européen et plus largement encore.
Le jeu de masques du néocréationnisme français
Philosophes, scientifiques et théologiens sont réunis ce week-end par le pape pour débattre à huis clos de l' »intelligent design ». Le thème fait rage aux Etats-Unis. En France, il est confiné dans le cadre trouble et confus de l’Université interdisciplinaire de Paris (UIP). (Le Monde 1er sept 2006)
Une lettre de Jean Staune
A la suite de notre article intitulé « Le jeu de masques du néocréationnisme français » (Le Monde du 2 septembre) nous avons reçu de Jean Staune, fondateur de l’Université interdisciplinaire de Paris (UIP), la mise au point suivante. ( Le monde 13 septembre 2006)
créationnistes français :
jean Staune
Pierre Perrier (Wikipedia)
Un peu d'humour



