Hans Küng, « l’anti-Benoît XVI »

Hommage d’un athée à Hans Küng,
Théologien et prêtre catholique éclairé,
décédé le 6 avril 2021
Certains considèrent le prêtre Hans Küng pas vraiment comme un théologien catholique, mais plutôt comme le plus grand hérétique du XXème siècle. Heureusement, il n’a pas fini sur le bucher!. Il était:
pour le droit à une aide à mourir
pour la régulation des naissances et la planification familiale
pour le sacerdoce des femmes
contre le célibat des prêtres
contre l’infaillibilité des papes
Classé en 2005 parmi les « cent plus importants intellectuels du monde » par la revue américaine « Foreign Policy », Hans Küng a soutenu tous les combats des progressistes, à l’opposé de Benoit XVI qui a suivi le virage conservateur de son prédécesseur, Jean-Paul II. Selon lui, la sécularisation croissante de la société, un réel satisfecit pour les anti-religieux, est en partie due à certains aspects du catholicisme. Ses critiques sont largement partagées par les athées. Entre autres, la supposée infaillibilité d’un seul être humain sur terre: le pape. Ses positions de rupture sur le mariage des prêtres et le sacerdoce des femmes sont toujours d’actualité. Küng jugeait le célibat des prêtres contraire aux droits de l’homme. Pour lui, il était le signe de l’inadéquation foncière de la hiérarchie catholique à l’évolution des mœurs et la cause principale de la raréfaction drastique des candidats au séminaire. La vague d’agressions sexuelles de la part de prêtres dans les décennies 2000, est aussi une conséquence, selon lui, de l’obstination avec laquelle la hiérarchie maintient la loi du célibat.
L’article de Nicolas Weill (Le Monde avril 2021) résume bien sa position. Extrait:
« La crise de confiance des fidèles à l’encontre de la hiérarchie romaine, loin d’être un effet de ces avancées, a été le résultat, pour Hans Küng, de la trahison du concile. Dès le pontificat de Paul VI (1964-1978), il s’inquiète de la tendance à réinstaller à contretemps une papauté autoritaire et rétrograde — ce que traduit, à ses yeux, l’encyclique Humanae vitae (1968), condamnant toute méthode artificielle de régulation des naissances, qui détourne bien des catholiques de fréquenter les églises. « La curie romaine a provoqué cette sécularisation contre la religion », disait il. La figure de ce repli, il se la représentait à travers l’itinéraire d’un autre théologien, comme lui jeune « expert » au concile Vatican II, mais écœuré par la révolte de ses étudiants en 1968 : son collègue de la faculté de théologie de Tübingen, l’Allemand Joseph Ratzinger, devenu pape en 2005 [Benoît VXI]…..Hans Küng était également méfiant vis-à-vis du culte grandissant de Marie, érigée en dogme par Pie XII, en 1950, au nom de l’« infaillibilité » papale, autre nouveauté d’un XXe siècle résolument antimoderne, que Küng remettait en question. «
Dans son livre (La Mort heureuse, Seuil, 2015), le plaidoyer de Küng pour le droit à une aide à mourir va à l’encontre de tous les dogmes religieux, mais va tout à fait dans le sens souhaité par la majorité des français (plus de 80%).
Droit à mourir selon son choix
« Je ne veux pas manquer le moment de ma mort »
Hans Küng a toujours affirmé son appui au droit de choisir sa mort et à la possibilité du suicide assisté. Il souhaitait que l’Eglise revoie sa position sur le sujet. Après l’expérience de sa propre maladie, il expliquait qu’il voulait absolument éviter d’arriver à un point où il ne serait plus capable de décider lui-même de sa vie ou de sa mort. Il décrivait cependant ce souhait de pouvoir garder le contrôle de sa vie jusqu’à la dernière seconde comme une « représentation idéale ». Sa conviction religieuse restait inchangée. Chacun a la responsabilité et le droit, devant Dieu et devant les hommes de décider de sa vie et de sa mort. Pour lui cette auto-détermination était «théologiquement bien fondée et s’imposait éthiquement».

« La mort heureuse » de Hans Küng
Note de l’auteur: Comment un théologien catholique peut-il, ose-t-il, défendre l’idée d’une » aide à mourir « , appelée aussi » suicide assisté » ou » accompagné « , ou encore » euthanasie » ? Précisément au nom de sa foi ! » Justement parce que je crois en une vie éternelle, j’ai le droit, le moment venu, de décider quand et comment je vais mourir. » C’est comme croyant que Hans Küng défend une fin de vie digne de l’homme, de son humanité. » Un Dieu qui interdirait à l’homme de mettre fin à sa vie quand la vie lui fait porter durablement des fardeaux insupportables ne serait pas un Dieu amical à l’homme. «
Hans Küng parle pour lui-même et ne veut rien imposer à personne. Mais avec beaucoup de délicatesse et de nuances, il revendique, pour ceux qui n’en peuvent plus de vivre, le droit de partir quand ils l’ont souhaité, en toute clarté et lucidité. Ce livre est aussi un parcours simple et éclairant sur le » changement de paradigme » où nous sommes engagés aujourd’hui dans notre compréhension de la vie et de la mort humaines.

« L’apologie du suicide assisté du théologien catholique Hans Küng » interview de Georges Leroux
Dans le livre « La mort heureuse », le théologien revendique le droit à mourir dans la dignité, un droit qui ne va pas à l’encontre de ses valeurs religieuses, bien au contraire. Il estime que c’est dans l’acte lucide et moral d’accéder à une autre vie, dont la qualité métaphysique est différente, que l’on peut demander de mourir dignement.
Podcast de la chaîne « Radio Canada » en français de 15 min
Vidéos
Rencontre avec le théologien Hans Küng
Tübingen, une petite ville du sud de l’Allemagne, c’est ici que les vies de deux grandes figures de l’Eglise catholique se sont croisées dans les années soixante. Le théologien Hans Küng invitait alors son collègue Josef Ratzinger à enseigner à la faculté catholique. Ce dernier deviendra 40 ans plus tard le Pape Benoît XVI. Depuis 2009,l es deux hommes n’étaient plus des amis. Leurs idées et leurs chemins se sont séparés. Depuis des années, Hans Küng n’a eu de cesse de critiquer la hiérarchie de l’Eglise catholique, de dénoncer l’attitude de Rome sur la contraception, sur le célibat ou sur l’ordination des femmes.
La tentative du Pape Benoît XVI de ramener dans l’église les intégristes de la « Fraternité Sacerdotale Saint Pie X » a déclenché une vague d’indignation dans le monde catholique. Quelqu’un qui met en doute l’existence de l’holocauste, peut-il être membre de l’Eglise catholique?
Vidéo You Tube de la chaîne « Euronews » en français de 8 min
Hans Küng, l’esprit des lettres
L’Esprit des Lettres est une émission diffusée sur KTO
Vidéo You Tube de la chaîne « Librairie la Procure » en français de 4 min
Celebrating the Life and Legacy of Hans Küng
Avec le décès du prêtre et théologien suisse Hans Küng en avril 2021 à l’âge de 93 ans, le catholicisme a perdu l’une de ses figures les plus influentes et les plus controversées. Küng a apporté de solides contributions au Concile Vatican II, à l’ecclésiologie, au dialogue œcuménique et interreligieux, et à la rencontre des religions dans le contexte mondial – exprimée dans la Déclaration pour une éthique mondiale, un document historique qui visait à tracer et à développer des points de contact entre les différentes confessions.
Cette vidéo donne la parole à des universitaires inspirés par le travail de Küng à réfléchir à son héritage. Dans la première partie, Peter Phan, Catherine Cornille et le Révérend David Hollenbach, S.J. ont exploré l’influence de Küng au sein du catholicisme, de la théologie chrétienne et de l’engagement interreligieux. Dans la deuxième partie, le révérend Drew Christiansen, S.J., José Casanova, Jocelyne Cesari et Katherine Marshall ont examiné la Déclaration pour une éthique mondiale et ont ensuite situé la pensée de Küng dans le contexte des débats intra- et interreligieux en cours sur l’éthique mondiale.
Vidéo You Tube de la chaîne « Berkley center » en anglais sous titrable en français de 1h 34min
Liens intéressants
Journal Le monde Nicolas Weill Avril 2021
Hans Küng, théologien contestataire et flamboyant, Le Devoir Avril 2021
Infaillabilité pontificale (Wikipedia)
« Revenir à Vatican II », par Hans Küng Le Monde 05/01/2005
« il est impossible d’avoir la paix entre les nations sans la paix entre les religions », livre « L’éthique planétaire » de Hans Küng. A lire: Entretien dans un article: Le Monde déc. 1991
Débat sur l’euthanasie active en Allemagne et critique de la situation juridique inadéquate qui, selon Hans Küng, rend le tourisme de la mort en Suisse nécessaire. Vidéo YouTube en allemand, sous titrable de 28 min