L’histoire de Binta commença-t-elle lorsqu’elle fut menée à l’autel où elle y laissa son clitoris ? Ou bien, le jour où elle fut jetée comme une malpropre hors de ce qu’elle a toujours considéré sa maison ? Son histoire, cette histoire, c’est aussi le jour où cette jeune femme décida d’utiliser sa voix pour enfin affronter son destin, de s’assumer et de se prémunir des outils indispensables dans son long voyage vers un objectif—oh que si osé—celui de l’affranchissement des pesanteurs sociétales.
Ce récit, aussi fictif soit-il, retrace les pas d’une jeune dame, qui grandie dans un monde où tout la prédisposait à rester silencieuse et soumise, toujours guidée par d’autres personnes. Et pourtant, de cette jeune fille effrayée, jaillit une femme qui a su se définir et se défricher un chemin aussi improbable dans un monde aussi intransigeant.
Ce livre, c’est aussi un voyage en profondeur dans les réalités que bon nombre de femmes guinéennes vivent au quotidien : l’excision, le mariage arrangé, la polygamie, la rivalité, le divorce, la résilience. Et dans tous ces cas, avec le regard jugeur et si pesant d’une société qui refuse encore le dialogue générationnel et défend farouchement la tradition du silence et du tabou.
Ce travail, loin d’être défiant ou conflictuel, est avant tout un plaidoyer à une remise en cause des approches éducationnelles auxquelles sont soumises les jeunes guinéennes. C’est une invitation à plus de dialogue et d’enseignement qui ne se limitent pas à ce que l’on doit faire mais au pourquoi. Ce manuscrit se voudrait novateur et inquisiteur dans le but de pouvoir enfin trouver un point commun pour le bien de toute la société guinéenne. Après tout, « éduquer une femme, c’est éduquer toute une nation. »
par Djebou Lewru