« L’islam est la religion qui opprime les femmes, et entrave inévitablement leur émancipation»… telle est l’image de l’islam aujourd’hui. Un stéréotype récurrent… Pourtant, ce n’est pas l’islam en tant que message spirituel qui opprime les femmes mais bien les différentes interprétations et dispositions juridiques entérinées depuis des siècles par des idéologies savantes, qui, faute d’avoir été réformées, ont fini par supplanter le texte sacré, et se transformer en des lois religieuses immuables. Ce livre invite à un exercice de réflexion sur l’éthique relationnelle entre hommes et femmes, telle qu’elle est conçue par les sources scripturaires de l’islam. Il se veut une tentative de « déchiffrage » et de « discernement » de certains concepts coraniques en faveur de l’égalité entre hommes et femmes. Tout en se référant essentiellement à la dimension coranique, mais aussi à l’exemple prophétique, cette analyse ne perd jamais de vue l’ensemble des autres données sociopolitiques et culturelles en cours à ce moment de l’histoire. Il s’agit de revenir à l’essentiel du message spirituel de l’islam concernant les relations humaines, et de réfléchir sur les innombrables passages qui soulignent l’importance de la responsabilité partagée, du soutien mutuel, du respect convergent entre l’homme et la femme. Des valeurs, tellement simples, tellement belles, réitérées dans cette langue coranique profonde, mais que les cœurs n’ont pas retenues, et que des mentalités hermétiques ont évincé dans les recoins de l’histoire. Des valeurs humaines, réellement universelles, qui nous font cruellement défaut aujourd’hui dans notre quotidien chamboulé par les soubresauts d’une modernité confuse et en perte de repères.
par Asma Lamrabet
Il faut cesser d’utiliser le voile comme un critère d’évaluation des femmes musulmanes
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Asma Lamrabet, une théologienne de l’islam nous parle du voile
Son livre: Femmes et hommes dans le coran
« Hijab désigne en arabe rideau, séparation, cloison, autrement dit, tout ce qui cache et dissimule quelque chose. Cela correspond en français au terme de « Voile » qui voile, autrement dit, masque et protège quelque chose. Le synonyme de Hijab en arabe c’est « Satr » et correspond à toute chose qui sépare comme un mur, un paravent ou tout autre séparation virtuelle.
On retrouve le sens de ce terme dans les versets coraniques suivants : « Quand tu récites le Coran, Nous plaçons un rideau invisible (Hijab) entre toi et ceux qui ne croient pas à la vie future » Coran 17 ;45.
« Il n’est pas donné à un homme, que Dieu lui parle directement, si ce n’est pas inspiration ou derrière un voile (Hijab) ou par l’envoi d’un messager qui lui révèle, par Sa permission, ce qu’il veut. » Coran 42 ; 51.
Mais le verset qui a été le plus souvent utilisé pour prouver « l’obligation » de voiler les femmes et dans lequel on retrouve encore un fois le terme de Hijab[1] est celui qui affirme : « Ô croyants n’entrez dans les demeures du prophète que si vous êtes invités….Quand vous demandez quelque chose aux épouses du Prophète, faites lé derrière un voile (Hijab)… » Coran 33 ;53. «
En conclusion : voile, ce n’est pas une obligation c’est une manipulation d’interprétation par des hommes
Source: Extrait du livre « Femmes et hommes dans le Coran : quelle égalité ? » Site personnel d’Asma Lamrabet
Passages clés:
Confusion khimar (ou foulard) et Hijab
Il est tout a fait clair que le terme de Hijab ne correspond absolument pas à la signification qu’on lui donne actuellement et qui est celle du foulard recouvrant la tête et qui est, dans la même logique, incorrectement traduite en français par l’expression Voile. Le Hijab n’a absolument rien à voir avec une quelconque tenue islamique des femmes, il s’agit comme on l’a vu, d’un symbole de séparation, entre la vie publique et la vie privé du temps du prophète et qui a eu pour but la consécration des épouses du prophète en Mères des croyants.
Sacraliser le Hijab et soustraire du vocabulaire islamique le Khimar c’est inventer un nouveau code social pour cautionner islamiquement parlant la séparation entre les hommes et les femmes.
C’est d’ailleurs ce qui s’est passé dans toutes les traditions religieuses où le voile, réduit à son sens étymologique, à savoir, celui de « cacher », a été l’outil incontournable de la soumission de la femme à l’ordre patriarcal.
Totalement invisible, la femme « voilée » derrière un Hijab, imposée par la loi des Hommes et non de Dieu deviendra paradoxalement la seule image visible d’un islam en décadence.
La confusion entretenue entre Hijab et Khimar est finalement politiquement très subtile et elle sert avant tout les intérêts des différentes idéologies en cours. Aussi bien les musulmans radicaux, que les tenants de l’islam étatique officiel sans oublier les nouveaux penseurs de l’islamophobie moderne. Tous, se font une joie d’ériger le « voile » ou Hijab, en étendard de l’islam d’aujourd’hui, à défendre ou à vilipender, c’est selon… mais au fond c’est la même logique d’exclusion qui les motive…
La foi ne se mesure pas à travers ces critères d’apparence et on ne peut se permettre de porter des jugements de valeurs sur les personnes en fonction de leur comportement vestimentaire.