La logique religieuse du renversement de la charge de la preuve

logique conventionnelle vs religieuse HD

« Ce qui est affirmé sans preuve peut être rejeté sans preuve. »

Christopher Hitchens
 
 
La science s’intéresse à ce qui est observable et démontrable, et non pas à ce qui n’est pas observable ni démontrable.
 
Exiger une preuve de non-existence est un sophisme appelé « le renversement de la charge de la preuve ».
 
Ce type de sophisme est très souvent utilisé par les croyants, car cela permet de postuler l’existence de tout et de n’importe quoi avec l’assurance que personne n’arrivera à prouver l’inverse.
 
Mais c’est oublier que la charge de la preuve incombe toujours à celui qui affirme l’existence d’une chose.
 
Par exemple,
 
  • pour introduire un nouveau médicament sur le marché, les laboratoires qui le produisent doivent montrer qu’il est plus efficace qu’un placebo, que ses effets secondaires sont acceptables, etc.
  • Dans un pays démocratique, la charge de la preuve dans un procès revient à l’accusation.
  • En sciences, la charge de la preuve repose sur celui qui propose une nouvelle théorie, affirme une hypothèse, etc, etc..
Ainsi on peut très bien rejeter l’existence des licornes, d’un complot, des fantômes, d’un dieu (qu’il soit Yahvé, Allah, Vishnou, Skippy ou autres), etc. sans avoir à supporter la charge de la preuve pour autant.
 
Bertrand Russell a abordé le sujet dans son analogie de la théière, « La théière de Russell » ou « théière céleste », pour contester l’idée que c’est au sceptique de réfuter les bases «invérifiables» de la religion, et pour affirmer que c’est au croyant de les prouver.
 
L’idée est une hypothétique théière en orbite autour du Soleil, entre la Terre et la planète Mars. Selon Russell, y croire (et demander aux gens d’y croire) sous prétexte qu’il n’est pas possible de prouver sa non-existence est insensé.
 
La théière de Russell est une illustration du rasoir d’Ockham, également appelé « principe de simplicité », qui pourrait s’exprimer par la phrase « Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? ».
 
Ainsi par exemple, pourquoi vouloir croire qu’un « dieu » ait envoyé aux humains des textes « sacrés » , textes remplis d’incohérences, d’absurdités et matière à provoquer guerres, persécutions, obscurantisme, etc… alors que l’origine de ces textes peut tout simplement être d’origine humaine ?
 
Ce qui est valable pour la « théière céleste » l’est tout autant pour les diverses croyances religieuses et superstitieuses.
 
C’est celui qui a une croyance religieuse ou superstitieuse qui doit s’en justifier, et non pas les athées.
 
Cela concerne autant celui qui croit en une « théière céleste » ou un « dieu », aux licornes ou aux anges, aux fantômes ou à l’âme qui va au paradis, etc…
 
Cela concerne aussi les croyants entre eux, le chrétien qui ne peut pas démontrer que c’est son concept de dieu qui est le bon et que le musulman est dans l’erreur, et inversement.
 
Ne pas croire en quelque chose qui n’est pas prouvé, comme les différents concepts de « dieu » des diverses religions ou pas, ou les fantômes, les fées, les loups-garou… c’est juste faire preuve d’esprit critique.
 
Au sujet d’un dieu, il y a en plus une difficulté supplémentaire pour les croyants en « dieu », qui ne sont pas d’accord entre eux sur quel est ce dieu. Car il existe une multitude de concepts différents de « dieu » (celui des chrétiens ? des musulmans ? des hindous ? un déisme ? etc, etc), et qui ne sont pas capables de définir précisément ce qu’est leur dieu.
 
L’ignosticisme » consiste à dire qu’une définition cohérente du terme « dieu » doit être présentée avant que les questions portant sur la nature ou l’existence de ce « dieu » puissent être discutées.
 
En conclusion, les athées peuvent dire qu’aucun dieu n’existe sans avoir à supporter la charge de la preuve. La charge de la preuve repose sur les croyants.
 
Cela reste le propre de la croyance que de considérer une chose vraie, indépendamment des faits, ou de l’absence de faits, la croyance s’opposant par principe à la notion d’esprit critique et au principe de réfutabilité.
 

 

Russel explique via cette analogie, que l’hypothèse de Dieu est une hypothèse par définition irréfutable, et que les chrétiens s’appuie sur cette irréfutabilité pour affirmer qu’il est tout à fait rationnel de croire en Dieu. Russel montre  via cette analogie, que ce n’est pas parce qu’une hypothèse est irréfutable, que croire en elle est nécessairement rationnel. En bref, que ce n’est pas l’impossibilité à vous contredire, qui rend votre croyance rationnelle.

Puisque prouver l’inexistence d’une chose est impossible, alors il faut considérer qu’elle n’existe pas jusqu’à preuve du contraire.

illustration loch ness 2

« Des affirmations extraordinaires nécessitent des preuves extraordinaires »

Marcello Truzzi The Zetetic Wikipedia

 

L’athéisme, c’est très simple…

 

Le croyant dit qu’il y a un dieu.

L’athée répond qu’il ne croie pas en cette affirmation

et que le croyant doit  fournir de très bonnes preuves

de l’existence réelle de son dieu

 

Le croyant rétorque que c’est à l’athée de prouver que son dieu n’existe pas.

L’athée répond au croyant que si c’était le cas,

il devrait également prouver que

le dieu de toutes les autres religions

n’existe pas non plus.

 

Ce que le croyant ne peut pas prouver non plus.

Vous voyez ? C’est vraiment très simple…

 

russell preuves et foi 2
« Toutes les croyances font du mal. Nous pouvons définir la « foi » comme une croyance ferme en quelque chose pour lequel il n’y a pas de preuve. Là où il y a des preuves, personne ne parle de « foi. »
Nous ne parlons pas de foi que deux et deux sont quatre ou que la terre est ronde.
Nous ne parlons de foi que lorsque nous voulons substituer l’émotion aux preuves.
Et la substitution de l’émotion aux preuves est susceptible de conduire à des conflits, puisque différents groupes substituent des émotions différentes. « 
 
Bertrand Russell, Human Society in Ethics and Politics (1954), Ch. VII: Can Religion Cure Our Troubles?, p. 213

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Charge de la preuve Toupie 

« Le mot de “preuve” ne s’applique pas à l’existence de Dieu » théologien François Euvé

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