Classé en 2005 parmi les « cent plus importants intellectuels du monde » par la revue américaine « Foreign Policy », Hans Küng a soutenu tous les combats des progressistes, à l’opposé de Benoit XVI qui a suivi le virage conservateur de son prédécesseur, Jean-Paul II. Selon lui, la sécularisation croissante de la société, un réel satisfecit pour les anti-religieux, est en partie due à certains aspects du catholicisme. Ses critiques sont largement partagées par les athées. Entre autres, la supposée infaillibilité d’un seul être humain sur terre: le pape. Ses positions de rupture sur le mariage des prêtres et le sacerdoce des femmes sont toujours d’actualité. Küng jugeait le célibat des prêtres contraire aux droits de l’homme. Pour lui, il était le signe de l’inadéquation foncière de la hiérarchie catholique à l’évolution des mœurs et la cause principale de la raréfaction drastique des candidats au séminaire. La vague d’agressions sexuelles de la part de prêtres dans les décennies 2000, est aussi une conséquence, selon lui, de l’obstination avec laquelle la hiérarchie maintient la loi du célibat.
L’article de Nicolas Weill (Le Monde avril 2021) résume bien sa position. Extrait:
« La crise de confiance des fidèles à l’encontre de la hiérarchie romaine, loin d’être un effet de ces avancées, a été le résultat, pour Hans Küng, de la trahison du concile. Dès le pontificat de Paul VI (1964-1978), il s’inquiète de la tendance à réinstaller à contretemps une papauté autoritaire et rétrograde — ce que traduit, à ses yeux, l’encyclique Humanae vitae (1968), condamnant toute méthode artificielle de régulation des naissances, qui détourne bien des catholiques de fréquenter les églises. « La curie romaine a provoqué cette sécularisation contre la religion », disait il. La figure de ce repli, il se la représentait à travers l’itinéraire d’un autre théologien, comme lui jeune « expert » au concile Vatican II, mais écœuré par la révolte de ses étudiants en 1968 : son collègue de la faculté de théologie de Tübingen, l’Allemand Joseph Ratzinger, devenu pape en 2005 [Benoît VXI]…..Hans Küng était également méfiant vis-à-vis du culte grandissant de Marie, érigée en dogme par Pie XII, en 1950, au nom de l’« infaillibilité » papale, autre nouveauté d’un XXe siècle résolument antimoderne, que Küng remettait en question. «
Dans son livre (La Mort heureuse, Seuil, 2015), le plaidoyer de Küng pour le droit à une aide à mourir va à l’encontre de tous les dogmes religieux, mais va tout à fait dans le sens souhaité par la majorité des français (plus de 80%).