Quand il écrit les Pensées, Pascal est persuadé d’accumuler les arguments les plus irréfutables en faveur de la foi chrétienne, d’accabler l’incrédule sous un faisceau de preuves indubitables, aussi diverses que convergentes, de l’acculer à reconnaître, s’il est raisonnable et de bonne foi, que seule la doctrine chrétienne peut expliquer le mystère de notre condition. Or par les continuelles contradictions dans lesquelles il tombe, Pascal ne cesse de ruiner l’explication qu’il propose. Les preuves historiques qu’il prétend ensuite apporter à l’appui de la solution chrétienne ne font que souligner le caractère historique et humain de la religion qu’il prétend éternelle et divine. Au total, si la lecture des Pensées est assurément de nature à convaincre de la misère de l’homme ceux qui n’en seraient pas déjà convaincus, c’est peut-être la misère de l’apologiste qui nous en convainc le mieux. Car c’est lui, bien plutôt que l’incrédule, qui refuse de regarder notre condition vraiment en face, préférant se raccrocher à des sornettes anachroniques et se consoler avec des fariboles infantiles. Au-delà de la profonde absurdité de l’apologétique pascalienne, c’est celle de la foi chrétienne elle-même que la logique imparable de René Pommier fait éclater avec une rigueur implacable qui ne sera assurément pas du goût de tout le monde.

par René Pommier

Notes

Commentaire d’un lecteur:

Avec la verve et l’entrain qu’on lui connaît, ce formidable dégonfleur de baudruches qu’est René Pommier démonte magistralement les grandes thèses de Pascal. Tout en rendant l’hommage qui se doit au génie d’écrivain et même de penseur de Pascal, auteur d’un tout autre calibre que René Girard, Georges Molinié, Pierre Barbéris, Annie Ubersfeld et Roland Barthes (les autres têtes de turc de l’auteur, mais il est trop injuste avec le dernier, ainsi qu’avec Freud), René Pommier, avec un bon sens imparable et une logique infaillible – ainsi qu’une alacrité des plus tonifiantes – montre que non seulement Pascal s’est fourvoyé, ne parvenant absolument pas à faire venir l’homme de raison au christianisme, mais qu’il lui fournit même de puissants arguments pour rejeter cette doctrine absurde !
Et c’est bien là que ce livre s’élève d’un cran au-dessus des autres de l’auteur, dont la lecture est déjà une fête pour l’esprit (je recommande fortement /René Girard, un allumé qui se prend pour un phare/, /Thérèse d’Avila très sainte ou cintrée ?/ et /Brocards/) : tout en démolissant l’argumentation de Pascal (penseur à la fois grand et misérable, qui fait la bête en voulant faire l’ange), René Pommier ruine en fait les fondements même de toute religion. Quand les bigots de toute obédience répandent leurs sottises, rien de plus salubre que cette magistrale leçon de raisonnement.