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Pourquoi le matérialisme est absurde

Des critiques peu convaincantes sur les matérialisme et les Lumières

livre pourquoi le materialisme est absurde

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Date de parution

13 mars 2023

Notre culture tient pour acquis que nous vivons dans un monde constitué de matière en premier lieu. Ce triomphe du matérialisme opposé aux visions religieuses ne laisse pas de place à une troisième voie. Pourtant notre expérience directe de la réalité nous permet de comprendre que le monde qui nous entoure apparaît d’abord dans notre conscience, comme une sorte de reconstitution de ce qui se trouve vraiment là. Ce livre entend révolutionner notre vision du monde en mettant au jour les implications absurdes du matérialisme, puis en proposant une métaphysique non-matérialiste qui s’appuie sur une approche rationnelle et des preuves empiriques solides, dans un langage clair et accessible. L’auteur nous décrit finalement une réalité dans laquelle la conscience est première et la matière est une forme particulière de celle-ci. Ce modèle d’« idéalisme analytique » ne peut que séduire tous ceux qui ne se satisfont pas de la vision matérialiste désenchantée du monde moderne, et ouvre des perspectives colossales quant au devenir de la conscience après la mort et toutes sortes de phénomènes aujourd’hui incompris.

par Bernardo Kastrup

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Qu'est-ce que "l'idéalisme analytique"?

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L’idéalisme analytique de Bernardo Kastrup

L’idéalisme analytique est une position métaphysique développée par le philosophe Bernardo Kastrup qui propose une réinterprétation fondamentale de la nature de la réalité. Contrairement au matérialisme physicaliste dominant, Kastrup soutient que la conscience phénoménale n’est pas un produit secondaire de la matière, mais plutôt le substrat ontologique primaire de toute existence. Cette thèse affirme que tout ce qui existe — y compris ce que nous appelons habituellement la « matière » — constitue essentiellement une manifestation mentale ou une expression de conscience universelle.[1][2][3][4]

Les principes fondamentaux de l’idéalisme analytique

La conscience comme primitive ontologique

Le cœur de la théorie de Kastrup repose sur l’affirmation que la conscience phénoménale — l’expérience vécue subjective, ce qui est immédiatement accessible à chacun — est l’élément irréductible et fondamental de la réalité. Kastrup argue que ce qui caractérise l’idéalisme analytique est sa revendication que « la réalité consiste exclusivement en l’esprit et ses contenus ». Contrairement à d’autres formes d’idéalisme plus anciennes qui traitaient la question du point de vue purement épistémologique (comment nous connaissons le monde), Kastrup formule une position ontologique décisive : c’est-à-dire qu’il affirme que le monde en sa nature même est mental.[2][5][4]

Kastrup distingue sa position en postulant ce qu’il appelle une « subjectivité impersonnelle » ou « esprit universel ». Cette entité n’est pas une substance réifiée, mais plutôt un milieu universel — un champ de subjectivité — par lequel l’expérience se déploie. C’est dans ce cadre que Kastrup affirme que la seule chose que nous connaissons véritablement de manière préthéorique est l’expérience elle-même, et que toute théorie émerge et existe au sein de cette expérience.[5][2]

Le problème de l’un et du multiple : la dissociation

Une difficulté majeure posée à tout idéalisme est le problème de la combinaison : comment peut-il y avoir une multitude de consciences individuelles et apparemment distinctes si le fondement de la réalité est une conscience unique? Kastrup propose une réponse novatrice en invoquant l’analogie du Trouble Dissociatif de l’Identité (TDI), anciennement appelé trouble de la personnalité multiple.[4][6][5]

Selon Kastrup, nous sommes tous des processus dissociatifs au sein d’une conscience universelle unique. De la même manière qu’une personne atteinte de TDI peut développer plusieurs personnalités ou « alters » distinctes — chacune possédant sa propre mémoire, personnalité et flux de conscience — la conscience universelle se diviserait naturellement et spontanément en entités conscientes individuelles appelées « alters ». Cette dissociation crée une frontière dissociative entre la vie intérieure consciente de chaque individu et le reste de la nature.[6][2][5][4]

Kastrup insiste sur le fait que cette analogie offre une explicitation du processus par lequel une conscience unique devient une multiplicité apparente : la dissociation n’est pas un processus pathologique mais un processus naturel et inhérent à la structure de la réalité mentale. Cette frontière dissociative est ce qui crée l’expérience d’une « vie extérieure » indépendante de notre volition personnelle.[5][4]

La matière comme représentation mentale

Une proposition centrale de l’idéalisme analytique est que la matière n’existe pas en tant que telle, mais que ce que nous appelons la « matière » est en réalité une représentation mentale d’états mentaux observés d’un point de vue extérieur. Autrement dit, selon Kastrup, « la ‘matière’ est ce à quoi ressemblent des états mentaux lorsqu’ils sont observés d’un point de vue extérieur ». Pour illustrer cette idée, Kastrup compare souvent la matière à l’apparence de nos états internes de conscience — tout comme la foudre est l’apparence visuelle d’une décharge électrique dans l’atmosphère, la matière serait l’apparence externe de processus mentaux internes.[7][2][4]

Kastrup défend que le cerveau n’est pas ce qui génère la conscience, mais plutôt ce qui la module ou filtre. Il compare le cerveau à un filtre qui localise et limite la conscience universelle à un point particulier de l’espace-temps, plutôt que de la créer. Cette hypothèse du cerveau-filtre (en contraste avec l’hypothèse du cerveau-générateur du matérialisme) permet selon Kastrup d’expliquer pourquoi nous observons des corrélations entre l’activité cérébrale et les états conscients : l’activité cérébrale n’est que l’apparence externe, extrinsèque, de la vie consciente intérieure.[4][7]

Le positionnement de l’idéalisme analytique par rapport aux valeurs scientifiques

Kasup soutient explicitement que l’idéalisme analytique n’abandonne pas les valeurs scientifiques mais les réinterprète. Il affirme que son ontologie embrasse le réalisme (il existe un monde externe au-delà de nos esprits individuels), le naturalisme (le monde se déploie selon ses dispositions inhérentes sans intervention surnaturelle), le rationalisme (la raison humaine peut identifier et modéliser les régularités de la nature) et le réductionnisme (les phénomènes complexes peuvent s’expliquer en termes de phénomènes plus simples).[8][9][5]

Fondamentalement, Kastrup argue que l’idéalisme analytique offre une explication plus parcimonieuse que le matérialisme physicaliste. Plutôt que de postuler deux ontologies distinctes — la conscience d’un côté et la matière de l’autre — l’idéalisme analytique réduit tout à un seul type d’entité irréductible : la subjectivité ou conscience universelle. Les phénomènes matériels ne seraient que des configurations ou des motifs d’excitation de ce champ universel.[10][5]

Le rapport avec le problème difficile de la conscience

Kastrup considère que son approche résout le problème difficile de la conscience (hard problem), formulé par le philosophe David Chalmers. Selon Kastrup, le problème difficile n’existe que parce que le matérialisme tente de réduire la conscience — qui est irréductible par nature — à des processus physiques quantitatifs. Puisque l’expérience consciente possède des qualités irréductibles (le « caractère de l’expérience »), il est impossible en principe de l’expliquer en termes de quantités physiques pures.[11][5][4]

Par contraste, si nous acceptons que la conscience est fondamentale, selon Kastrup, le problème disparaît : les qualités de la perception ne sont alors plus générées par des processus non-qualitatifs, mais plutôt modulées par d’autres qualités expérientielles (les états mentaux qui constituent le monde autour de nous). Il affirme que « l’idéalisme analytique évite entièrement le problème difficile ».[5]

Contexte intellectuel et parcours de Kastrup

Bernardo Kastrup possède deux doctorats : l’un en philosophie (ontologie et philosophie de l’esprit) de l’Université Radboud de Nimègue, et l’autre en ingénierie informatique (informatique reconfigurable et intelligence artificielle). Avant de devenir philosophe à plein temps, il a travaillé comme scientifique au CERN (l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire) et aux Laboratoires de recherche Philips. Cette combinaison unique de formation formelle en physique, en ingénierie informatique et en philosophie influence profondément sa démarche intellectuelle.[12][13]

Kastrup est actuellement le directeur exécutif de la Fondation Essentia et occupe des postes de recherche académique. Son travail a catalysé ce qu’il décrit comme une « renaissance moderne du métaphysique idéalisme ». Ses idées ont été présentées dans des publications majeures telles que Scientific American, l’Institute of Art and Ideas, et les blogs de l’American Philosophical Association, ce qui indique un rayonnement significatif au-delà des cercles académiques strictement philosophiques.[12]

Critiques et controverses

L’idéalisme analytique a suscité des critiques substantielles de la part de philosophes analytiques et de scientifiques. Certains critiques soutiennent que Kastrup commettrait un paralogisme dans sa démonstration de l’universalité de la conscience. Le philosophe Richard Carrier, par exemple, argue que Kastrup élève arbitrairement ses exigences empiriques pour le matérialisme (notamment en demandant pourquoi il y aurait des atomes et des lois de la nature à tous) tout en accordant à l’idéalisme une plus grande latitude dans ce qu’il doit expliquer.[14]

D’autres critiques soulèvent le problème de l’attribution excessive de conscience. Si tout dans l’univers est fondamentalement mental, cela implique-t-il que les roches, les atomes, ou même les objets inanimés sont dotés de formes de conscience? Kastrup doit naviguer avec prudence dans cette question pour éviter de donner l’impression que sa théorie est excessivement spéculative ou coïncide avec le panpsychisme constitutif auquel il s’oppose par ailleurs.[15][2]

Le philosophe Rupert Sheldrake a argué que l’idéalisme analytique de Kastrup, malgré ses revendications, demeure une forme de matérialisme déguisé parce qu’il adhère au naturalisme, au rationalisme et au réductionnisme. Kastrup a répondu en soulignant qu’il n’accorde pas l’exclusivité de ces valeurs au physicalisme et qu’un idéaliste peut tout aussi bien les embrasser.[9][16]

D’autres critiques soulèvent des objections logiques concernant la circularité de l’argument de Kastrup. Certains commentateurs argumentent que Kastrup présente comme des « faits empiriques simples » ce qui est en réalité des affirmations qui présupposent déjà les conclusions qu’il souhaite établir. Par exemple, il affirme que ce qui existe doit avoir la nature d’une « chose excitable » ou d’un « champ » — une propriété qu’il n’établit jamais rigoureusement mais qu’il suppose pour atteindre sa conclusion désirée.[17]

Implications et applications théoriques

L’idéalisme analytique propose des réimprétations significatives de phénomènes empiriques. Kastrup utilise notamment son cadre pour offrir une explication alternative des expériences psychédéliques. Selon sa théorie, les substances psychédéliques réduiraient la dissociation cognitive — c’est-à-dire que la frontière dissociative entre le moi individuel et la conscience universelle devient plus perméable. Cela expliquerait pourquoi ces expériences coïncident avec une réduction mesurable de l’activité cérébrale : la réduction de la dissociation permet à des contenus mentaux de la conscience plus large de franchir la limite et d’être expérimentés par l’alter individuel.[4]

De plus, Kastrup utilise son cadre pour offrir une perspective sur le phénomène de la mort et de la continuité de la conscience. Si la conscience n’est pas générée par le corps mais simplement modulée par celui-ci, alors il s’ensuit logiquement que le corps n’est pas l’origine de la conscience et que la conscience pourrait persister après la mort du corps. Cette implication distingue nettement l’idéalisme analytique du matérialisme et offre une perspective alternative sur des questions existentielles longtemps considérées comme échappant à la portée de la science.[10][7]

Conclusion

L’idéalisme analytique de Bernardo Kastrup constitue une proposition métaphysique audacieuse qui réinterroge les fondements ontologiques de notre compréhension de la réalité. En positionnant la conscience phénoménale comme primitive ontologique irréductible, plutôt que comme un sous-produit de la matière, Kastrup offre une alternative cohérente au cadre matérialiste dominant. Son utilisation de l’analogie dissociative pour résoudre le problème de la combinaison (comment une conscience unique devient une multiplicité) et sa revendication que cette approche offre une explication plus parcimonieuse des faits empiriques constituent les contributions majeures de sa théorie.[1][2][5]

Cependant, comme toute proposition métaphysique ambitieuse, l’idéalisme analytique demeure sujetta à des objections philosophiques substantielles. La circularité potentielle de certains arguments, les questions concernant l’attribution de conscience et les débats autour de la commodité comparative du cadre par rapport à ses alternatives suggèrent que le projet de Kastrup, bien que philosophiquement fécond et intellectuellement stimulant, n’a pas résolu de manière définitive les questions qu’il se propose d’aborder. Néanmoins, l’idéalisme analytique a contribué à relancer le débat métaphysique contemporain sur la place de la conscience dans notre compréhension de l’univers.[2][14][17]

Sources

  1. https://www.goodreads.com/book/show/204478729-analytic-idealism-in-a-nutshell
  2. https://www.actu-philosophia.com/bernardo-kastrup-entre-critique-du-materialisme-et-elaboration-dun-idealisme-analytique/
  3. https://en.wikipedia.org/wiki/Bernardo_Kastrup
  4. https://open-foundation.org/beyond-physics-exploring-consciousness-with-bernardo-kastrups-analytical-idealism/
  5. https://www.sloww.co/analytic-idealism-nutshell-bernardo-kastrup/
  6. https://bigthink.com/mind-brain/are-we-all-multiple-personalities-of-universal-consciousness/
  7. https://www.bernardokastrup.com/2012/03/memories-and-brain.html
  8. https://www.reddit.com/r/consciousness/comments/1m9jyio/thoughts_on_analytic_idealism/
  9. https://marcomasi.substack.com/p/toward-a-comprehensive-view-of-matter
  10. https://www.bernardokastrup.com/2014/09/does-it-matter-whether-all-is-in.html
  11. https://www.bernardokastrup.com/2014/07/grokking-hard-problem-of-consciousness.html
  12. https://platoscave.fireside.fm/guests/bkastrup
  13. https://philpeople.org/profiles/bernardo-kastrup
  14. https://www.richardcarrier.info/archives/32492
  15. https://www.reddit.com/r/philosophy/comments/m2qxid/bernardo_kastrup_and_the_hard_problem/
  16. https://www.youtube.com/watch?v=Lr93mW3QmWo
  17. https://www.bmeacham.com/blog/?p=1483
  18. https://philpapers.org/archive/KASAIA-3.pdf
  19. https://codex-vitae.fr/09/03/2025/lidealisme-analytique-de-bernardo-kastrup/
  20. https://www.bernardokastrup.com/2016/01/on-why-idealism-is-superior-to.html
  21. https://www.reddit.com/r/consciousness/comments/18vplnp/thoughts_on_bernardo_kastrups_idealism/
  22. https://www.reddit.com/r/analyticidealism/comments/1f2usfb/what_analytic_means_in_analytical_idealism/
  23. https://www.bernardokastrup.com/2021/08/new-analytic-idealism-literature.html
  24. https://www.theunauthorizedmonk.com/post/buddhism-vs-bernardo-kastrup-s-philosophy-called-idealism
  25. https://www.reddit.com/r/philosophy/comments/1k018k7/bernardo_kastrup_argues_that_the_world_is/
  26. https://philarchive.org/rec/KASAIA-3
  27. https://www.youtube.com/watch?v=FcaV3EEmR9k
  28. https://www.reddit.com/r/analyticidealism/comments/17kz0tf/problems_with_analytic_idealism_im_trying_to/
  29. https://www.reclaimingart.com/journal/a-critique-of-bernardo-kastrups-monistic-idealism
  30. https://www.reddit.com/r/consciousness/comments/1jgj8x6/nonmaterialists_are_there_better_arguments/
  31. https://podcast.grief2growth.com/guests/dr-bernardo-kastrup/
  32. https://www.organism.earth/library/author/bernardo-kastrup
  33. https://theness.com/neurologicablog/what-is-consciousness-another-reply-to-kastrup/
  34. https://kasra.io/posts/hard-problem-metaphysics/
  35. https://www.patrikbergman.com/2024/06/16/unveiling-consciousness-a-journey-through-bernardo-kastrups-metaphysical-trilogy/
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Arguments Critiques contre l'Idéalisme Analytique de Bernardo Kastrup

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Arguments Critiques contre l’Idéalisme Analytique de Bernardo Kastrup

Dans son ouvrage « Pourquoi le matérialisme est absurde » (Why Materialism Is Baloney, 2014), le philosophe néerlandais Bernardo Kastrup propose une critique vigoureuse du matérialisme et développe une métaphysique alternative qu’il nomme « idéalisme analytique ». Selon cette position, toute réalité est fondamentalement mentale, émanant d’une conscience universelle dont nos esprits individuels seraient des « alters » dissociés, à l’image du trouble dissociatif de l’identité. Cette théorie ambitieuse se présente comme une solution au problème difficile de la conscience et prétend être plus parcimonieuse que le matérialisme. Cependant, une analyse critique approfondie révèle de nombreuses failles logiques, épistémologiques et scientifiques dans l’argumentation de Kastrup. Le présent rapport examine systématiquement les principaux arguments critiques que l’on peut opposer à l’idéalisme analytique, en s’appuyant sur les débats philosophiques contemporains et les données empiriques disponibles.[1][2][3][4]

Problèmes Logiques et Métaphysiques Fondamentaux

La Fausse Parcimonie de l’Idéalisme Analytique

L’un des arguments centraux de Kastrup repose sur le principe de parcimonie : l’idéalisme analytique serait supérieur au matérialisme car il ne postulerait qu’une seule catégorie ontologique, l’esprit, là où le matérialisme devrait expliquer comment la matière génère la conscience. Cependant, cette prétendue simplicité se révèle illusoire à l’examen. Comme le souligne le philosophe critique dans son analyse dévastatrice, Kastrup ne fait que déplacer la complexité plutôt que de la réduire. En effet, pour éviter le solipsisme, Kastrup doit postuler l’existence d’un « esprit universel » (mind-at-large) distinct des consciences individuelles, ce qui introduit précisément le type de dualisme qu’il prétend éviter.[3][4][5][6][7][8]

Le matérialisme, quant à lui, ne postule pas deux catégories ontologiques fondamentalement distinctes, mais simplement que la conscience émerge de processus physiques complexes, ce qui relève de l’émergence faible et non d’un dualisme ontologique. La comparaison que fait Kastrup est donc biaisée : il compare l’esprit individuel et l’esprit universel (deux entités mentales distinctes) avec la matière et l’esprit, prétendant que sa théorie est plus simple car elle n’a qu’une « catégorie ». Mais en réalité, le nombre de catégories n’est pas réduit ; il a simplement renommé les entités en question.[5][9][10][11][12]

De plus, comme le note Richard Carrier dans sa critique, le physicalisme jouit déjà de cette vertu épistémique que Kastrup revendique : dans le cadre matérialiste, l’expérience et les processus neuraux sont de même nature essentielle (physique), et l’expérience n’est qu’un pattern d’excitation du cerveau. L’idéalisme de Kastrup n’ajoute donc aucun avantage parcimonieux réel et introduit même des complexités supplémentaires.[12]

L’Inversion Paradoxale : Une Conscience Universelle Primitive

Un problème conceptuel majeur de l’idéalisme analytique réside dans ce que l’on peut appeler « l’inversion paradoxale ». Kastrup affirme que l’esprit universel est le fondement de toute réalité, mais reconnaît simultanément que cet esprit est « primitif », « non-réflexif » et dénué de conscience de soi. Nous, en tant que « alters » dissociés de cet esprit universel, possédons la conscience réfléchie, la mémoire, l’intentionnalité et la capacité d’abstraction – toutes caractéristiques absentes de l’esprit universel dont nous sommes censés provenir.[2][13][8][1]

Cette configuration est profondément paradoxale. Comme le souligne la critique intitulée « The Quicksand Cathedral », si l’évolution augmente la complexité et l’auto-conscience, et si l’esprit universel est primordial, alors il devrait être l’état le moins complexe et le moins conscient. La dissociation, dans ce cadre, n’est pas une exploration mais une dévolution. L’esprit cosmique devient « un légume métaphysique » dont nous serions les « tumeurs sur-performantes ». Cette inversion thermodynamique est insoutenable : Kastrup requiert une diminution globale de l’entropie (plus d’intégration dans les alters) sans mécanisme explicatif.[8]

En outre, postuler un champ non-réflexif générant spontanément des sous-esprits réflexifs équivaut à faire émerger un philosophe du vide quantique. La physique est absente de cette explication ; seule subsiste une gesticulation poétique. Si la mentalité se définit par la réflexion, la narration ou l’intentionnalité, l’esprit universel échoue au test. S’il s’agit d’une simple affection, alors les rochers et les rivières seraient mentaux au même titre – une boue panpsychiste indifférenciée.[8]

Le Problème du Solipsisme Cosmique

L’idéalisme analytique tente d’échapper au solipsisme en postulant un esprit universel, mais cette solution génère ce que certains critiques appellent un « solipsisme cosmique » ou « solipsisme divin ». En effet, si toute réalité est dans l’esprit, la seule chose que nous puissions honnêtement prétendre connaître sous ces termes est notre propre flux de conscience, comme Kastrup lui-même le reconnaît. La projection de ce sujet solipsiste à l’échelle cosmique ne résout pas le problème fondamental ; elle ne fait que le déplacer.[14][15][16][5]

Berkeley résolvait ce problème en faisant appel à Dieu comme garant de l’objectivité et de la continuité du monde perçu. Mais Kastrup rejette explicitement cette solution théiste. Son esprit universel n’est ni omniscient, ni bienveillant, ni même véritablement conscient au sens où nous l’entendons. Dès lors, quelle garantie avons-nous que le monde existe en dehors de notre perception ? Kastrup tente de répondre en affirmant que le monde est « extérieur » à notre conscience individuelle mais « intérieur » à l’esprit universel. Cependant, cette distinction est précisément ce qui rend sa théorie non parcimonieuse et conceptuellement instable.[17][13][18][19][20][21][1][2][5][8]

Le critique observe que « si le monde est ‘dans’ l’esprit, et si chaque conscience individuelle n’est qu’une auto-dissociation de l’esprit donnant lieu à une espèce de ‘nœud’, alors le seul énoncé légitime qu’on puisse en tirer est que chaque conscience individuelle est un point de vue partiel de l’esprit sur lui-même, et non que le monde soit extérieur à la conscience ». Cette tension fondamentale entre l’idéalisme (tout est dans l’esprit) et la nécessité de maintenir une forme d’objectivité et d’extériorité mine la cohérence interne du système.[2]

Problèmes avec la Métaphore de la Dissociation

L’Analogie du Trouble Dissociatif de l’Identité : Une Erreur Catégorielle

La pierre angulaire de l’idéalisme analytique de Kastrup est la métaphore de la dissociation, empruntée au trouble dissociatif de l’identité (TDI). Kastrup propose que tout comme un patient atteint de TDI peut manifester plusieurs « alters » (personnalités alternatives) apparemment autonomes au sein d’un seul esprit, l’esprit universel subirait un processus dissociatif créant les multiples consciences individuelles que nous connaissons. Cette analogie est censée expliquer comment l’unité peut donner naissance à la multiplicité sans sortir du cadre mentaliste.[13][22][23][2][8]

Cependant, cette analogie s’effondre sous l’examen critique. Dans le TDI humain, les différents alters partagent un substrat neurologique commun – le même cerveau physique. Les transitions entre alters, bien que spectaculaires, surviennent au sein d’une architecture biologique unifiée et peuvent être corrélées avec des changements mesurables dans l’activité cérébrale. De plus, le TDI est généralement causé par des traumatismes psychologiques sévères survenant durant l’enfance, ce qui fournit un mécanisme causal clair pour la dissociation.[23][8]

Rien de tel n’existe dans la dissociation cosmique de Kastrup. Les esprits humains individuels sont causalement isolés les uns des autres – nous n’avons pas d’accès direct aux qualia d’autrui. Où se trouve le « centre exécutif » ? Qui « passe au premier plan » lorsque je dors et qu’un chien se réveille ? Les dissociations induites par un traumatisme prennent des heures ; les dissociations de Kastrup prennent des éons géologiques. Le TDI affecte une infime fraction de la population humaine dans des circonstances pathologiques exceptionnelles ; Kastrup généralise cette condition à l’ensemble de la réalité consciente.[16][8]

Comme le note un critique, « la dissociation cosmique de Kastrup n’a pas de substrat partagé ». Il n’y a pas de « cerveau de l’univers » identifiable au sein duquel ces dissociations se produiraient. La métaphore devient donc une simple étiquette poétique appliquée à un mystère, plutôt qu’une explication véritable. Kastrup lui-même reconnaît que la dissociation est une métaphore, mais une métaphore qui, poussée trop loin, perd sa signification et son pouvoir explicatif.[6][8]

Absence de Mécanisme Explicatif

Au-delà des problèmes inhérents à l’analogie elle-même, l’idéalisme analytique souffre d’une absence criante de mécanisme explicatif. Comment exactement la dissociation se produit-elle dans l’esprit universel ? Quelles sont les conditions nécessaires et suffisantes pour qu’un nouvel « alter » émerge ? Pourquoi la dissociation produit-elle précisément ces frontières-ci entre les consciences plutôt que d’autres ?[14][8]

Kastrup invoque des analogies avec les fluctuations du vide quantique et les événements de brisure de symétrie, mais ces comparaisons sont superficielles et n’offrent aucun mécanisme détaillé. Les fluctuations quantiques sont des événements de brisure de symétrie qui augmentent l’ordre local au coût d’un désordre global – précisément l’inverse de ce dont Kastrup a besoin pour expliquer comment des esprits intégrés et hautement ordonnés émergent d’un champ mental primordial.[8]

Lorsqu’on lui demande comment le cerveau se rapporte à l’esprit dans son système, Kastrup répond que le cerveau est « l’externalisation » de l’esprit, la façon dont les processus mentaux apparaissent lorsqu’ils sont observés d’un point de vue extérieur. Mais « externalisation » n’est pas un mécanisme ; c’est une note promissoire que Kastrup émet chaque fois qu’on lui demande des liquidités. Aucune équation de champ, aucune loi de pont, aucune fonction prédictive ne relie la pulsation ressentie de la colère à la tache rouge sur l’IRMf. En physique, une telle note serait ridiculisée ; dans l’idéalisme, elle est encadrée et accrochée au-dessus de la cheminée.[24][1][8]

Le Problème des Frontières et la Régression Infinie

Un problème connexe concerne la délimitation des frontières entre les « alters » dissociés. Kastrup doit identifier un principe qui détermine où une conscience individuelle commence et où une autre finit. Est-ce que chaque être humain constitue un alter distinct ? Qu’en est-il des autres animaux ? Des insectes ? Des cellules individuelles ? Kastrup n’a pas de seuil principiel pour trancher ces questions.[8]

Ce problème est une instance du paradoxe sorite : si l’on accorde qu’un être humain est un alter, on doit logiquement accorder que les cellules hépatiques se dissocient du cerveau, que les neurones se dissocient des ganglions. Les frontières se dissolvent dans une boue panpsychiste. Le réalisme trace une ligne claire : les esprits émergent de cerveaux dotés d’une complexité neuronale suffisante. Deux cerveaux, deux esprits. Pas d’alters cosmiques, pas de couvertures métaphysiques.[10][25][8]

De plus, si la dissociation explique les esprits individuels, pourquoi ne pas postuler des dissociations au sein de l’esprit universel lui-même ? Pourquoi s’arrêter à un seul niveau ontologique ? Cette régression potentiellement infinie suggère que le principe explicatif de la dissociation est soit arbitrairement appliqué, soit qu’il génère une multiplicité d’entités métaphysiques que Kastrup prétendait éviter.[8]

Problèmes Épistémologiques et Méthodologiques

Non-Falsifiabilité et Absence de Contenu Empirique

Un problème épistémologique majeur de l’idéalisme analytique réside dans sa non-falsifiabilité. Karl Popper a établi la falsifiabilité comme critère de démarcation entre les théories scientifiques et les spéculations métaphysiques. Une théorie scientifique doit faire des prédictions précises sur le comportement futur de la nature qui puissent être vérifiées ou réfutées expérimentalement. L’idéalisme analytique ne satisfait pas ce critère.[26][14]

Kastrup lui-même reconnaît cette limitation, mais tente de la minimiser en arguant que la falsifiabilité ne s’applique qu’aux théories scientifiques, pas aux métaphysiques. Selon lui, les métaphysiques doivent simplement être cohérentes avec la science établie sans nécessairement faire de prédictions testables. Cependant, cette défense affaiblit considérablement la prétention de l’idéalisme analytique à être supérieur au matérialisme sur des bases rationnelles plutôt que simplement intuitives ou esthétiques.[26]

En pratique, l’idéalisme analytique et le matérialisme font exactement les mêmes prédictions concernant les phénomènes observables. Kastrup admet que sa théorie « prédit les mêmes choses que le matérialisme ». Si deux théories sont empiriquement indiscernables, sur quelle base rationnelle peut-on préférer l’une à l’autre ? Kastrup invoque la parcimonie, mais comme nous l’avons vu, cette prétendue supériorité est illusoire.[7][5][12][14]

Certains défenseurs de l’idéalisme analytique affirment que la théorie est falsifiable dans la mesure où certaines réductions de l’activité cérébrale devraient correspondre à des changements prévisibles dans l’expérience consciente. Cependant, ces prédictions sont également compatibles avec le matérialisme et n’offrent donc aucun moyen de discriminer entre les deux théories. Une théorie véritablement falsifiable doit faire des prédictions uniques qui, si elles s’avéraient fausses, réfuteraient la théorie de manière décisive.[27]

L’Argument du Renversement du Rasoir d’Occam

Le principe du rasoir d’Occam, ou principe de parcimonie, stipule qu’entre plusieurs explications concurrentes d’un phénomène, celle qui fait le moins d’hypothèses devrait être préférée. Kastrup invoque fréquemment ce principe pour défendre l’idéalisme contre le matérialisme. Cependant, une application rigoureuse du rasoir d’Occam favorise en réalité le matérialisme plutôt que l’idéalisme.[4][11][28][29][30][31][3][7]

Le matérialisme contemporain ne postule que des entités et processus physiques dont l’existence est largement confirmée par la science empirique : neurones, synapses, potentiels d’action, neurotransmetteurs, réseaux neuronaux, etc.. La conscience est comprise comme une propriété émergente de ces systèmes physiques complexes. Cette émergence est du type « faible » – elle peut en principe être expliquée en termes de ses constituants et de leurs interactions.[32][9][33][25][34][10]

En revanche, l’idéalisme analytique postule : (1) un esprit universel dont la nature reste profondément obscure et dont l’existence n’est pas confirmée par l’observation empirique ; (2) un processus de dissociation cosmique sans analogue dans l’expérience ou la science ; (3) un mécanisme d’ « externalisation » par lequel les états mentaux apparaissent comme états physiques lorsqu’ils sont observés d’un point de vue « extérieur », mais sans spécification de ce que signifie « extérieur » dans un cadre purement mentaliste ; (4) et une multiplicité d’« alters » dissociés correspondant aux milliards de consciences individuelles.[1][13][4][2]

Comme l’observe un critique, « même si rien n’existait en dehors de la conscience, cela ne fait pas de la conscience la substance fondamentale de l’univers. C’est simplement une reconnaissance que nous ne pouvons connaître que par l’expérience. Le rasoir d’Occam suggère de ne pas multiplier les entités au-delà de la nécessité. Postuler un esprit universel est précisément ce genre de multiplication inutile ».[35][11]

Einstein lui-même, après des années de recherche infructueuse sur des équations complexes, adopta une approche « rasoir d’abord » qui consistait à examiner uniquement les équations les plus simples et les plus élégantes, ce qui le conduisit à la théorie de la relativité générale. Cette méthodologie scientifique privilégie les explications qui font le moins d’hypothèses métaphysiques non testables. Le matérialisme, en s’appuyant uniquement sur des entités physiques observables et mesurables, satisfait mieux ce critère que l’idéalisme analytique.[31]

Absence de Pouvoir Explicatif Additionnel

Pour qu’une théorie métaphysique soit rationnellement préférable à une alternative, elle doit offrir un pouvoir explicatif supérieur – c’est-à-dire qu’elle doit mieux rendre compte des phénomènes observés, résoudre des anomalies que l’alternative ne peut expliquer, ou unifier des domaines de connaissances apparemment disparates. L’idéalisme analytique ne parvient pas à satisfaire ce critère.[36][37][7]

Les critiques soulignent régulièrement que Kastrup n’identifie aucun phénomène que le matérialisme ne pourrait expliquer mais que l’idéalisme expliquerait. Les corrélations entre états cérébraux et états mentaux, la manière dont les drogues psychoactives affectent la conscience, les effets des lésions cérébrales sur les capacités cognitives et perceptuelles, le développement ontogénétique de la conscience chez les enfants, les variations phylogénétiques de la conscience à travers les espèces – tous ces phénomènes sont parfaitement compatibles avec, et mieux expliqués par, une approche matérialiste qui voit la conscience comme émergeant de la complexité neuronale.[9][33][34][6][7][32][10][14]

Kastrup affirme que l’idéalisme offre un cadre plus « naturel » pour comprendre les expériences mystiques, les états modifiés de conscience, et peut-être les phénomènes paranormaux. Cependant, ces prétentions restent hautement spéculatives. Les neurosciences modernes offrent des explications robustes des expériences mystiques en termes d’altération temporaire de l’activité dans les régions cérébrales associées au sens du soi, à l’orientation spatiale, et au filtrage sensoriel. La dissolution du sentiment de frontière entre le soi et le monde, caractéristique de nombreuses expériences mystiques, peut être reproduite par des techniques de méditation, des substances psychédéliques, ou des stimulations cérébrales – toutes manipulant des substrats physiques identifiables.[38][39][4][32]

En l’absence de pouvoir explicatif additionnel, l’idéalisme analytique devient une simple redescription métaphysique du monde tel que la science le révèle, sans contribution substantielle à notre compréhension. Comme le demande un critique : « Votre théorie prédit les mêmes choses que le matérialisme. Je ne vois aucun pouvoir explicatif ou prédictif supplémentaire en affirmant que l’univers est mental ».[6][7]

Le Problème Difficile de la Conscience Demeure

Le Grand Contournement : Renommer N’est Pas Expliquer

L’une des prétentions centrales de Kastrup est que l’idéalisme analytique « dissout » ou « résout » le problème difficile de la conscience. Le problème difficile, formulé par David Chalmers, concerne l’explication de pourquoi et comment les processus physiques dans le cerveau donnent lieu à l’expérience subjective qualitative – les qualia. Pourquoi y a-t-il « quelque chose que cela fait » d’être dans certains états physiques ?[40][41][42][4][8]

Le matérialisme demande : « Comment la matière morte allume-t-elle la lampe de l’expérience ? » Kastrup répond : « Il n’y a jamais eu de matière morte ; la lampe a toujours été allumée ». Il s’incline ensuite sous les applaudissements tonitruants des podcasts, comme s’il avait aboli le mystère en le renommant. En vérité, il a accompli l’équivalent philosophique de déclarer une faillite pour effacer une dette : la corrélation entre états cérébraux et sentiments reste exactement aussi obstinée, exactement aussi semblable à une loi, et exactement aussi inexpliquée qu’auparavant.[8]

Le cerveau, nous dit Kastrup, est « l’externalisation » de l’esprit, de la même manière qu’un corps de rêve est l’externalisation d’une pensée onirique. Belle métaphore ; zéro mécanisme. Aucune équation de champ, aucune loi de pont, aucune fonction prédictive ne relie la pulsation ressentie de la colère à la tache rouge sur l’IRMf. « Externalisation » est la note promissoire que Kastrup émet chaque fois que le caissier demande des liquidités.[24][8]

Le problème difficile ronge : pourquoi le pétillement neuronal ressemble-t-il à quelque chose ? La réplique de Kastrup – la mentalité comme primitive, non émergente – atterrit comme une révélation, surtout lorsqu’elle est étayée par la théorie de l’information intégrée (IIT) et les analogies quantiques qu’O’Connor connaît bien. Il accepte « tout est mental » parce que cela unifie : pas de substrat zombie, juste un tableau de bord du divin. Mais la facilité dissimule l’astuce – l’esprit de qui ? L’esquive « transpersonnelle » de Kastrup évite le solipsisme tout en flirtant avec lui, un Dieu non-théiste pour les athées las du nihilisme.[8]

Les Corrélations Cerveau-Esprit Restent Inexpliquées

Un test crucial pour toute théorie de la conscience est sa capacité à expliquer les corrélations étroites et systématiques entre états cérébraux et états mentaux. Des décennies de recherche en neurosciences ont établi que des changements spécifiques dans l’activité cérébrale sont systématiquement associés à des changements correspondants dans l’expérience consciente.[33][34][43][32][10]

Les lésions du cortex visuel primaire entraînent la cécité corticale ; les dommages à l’hippocampe produisent une amnésie antérograde ; la stimulation électrique de certaines régions cérébrales évoque des souvenirs vivides, des émotions, ou même des expériences hors du corps. L’anesthésie générale, en modulant l’activité des récepteurs GABA dans le cerveau, abolit de manière fiable la conscience. Les substances psychoactives, en se liant à des récepteurs neuronaux spécifiques, produisent des altérations prévisibles de l’humeur, de la perception et de la cognition.[34][32]

Le matérialisme offre une explication directe de ces corrélations : les états mentaux sont identiques à (ou superviennent sur, ou émergent de) des états cérébraux. Modifier le cerveau, c’est modifier l’esprit, parce que l’esprit n’est pas autre chose qu’un aspect ou une propriété du cerveau fonctionnant d’une certaine manière. L’idéalisme analytique, en revanche, doit postuler que les changements dans le cerveau (qui est lui-même une « externalisation » de processus mentaux) correspondent à des changements dans des processus mentaux sous-jacents, qui eux-mêmes « s’externalisent » comme changements cérébraux. Cette double comptabilisation semble redondante et n’ajoute aucune clarté explicative.[42][44][10][34][1][24][8]

Kastrup affirme que le cerveau est un « mécanisme de localisation » de l’esprit plutôt qu’un générateur de conscience. Selon cette analogie, le cerveau serait comme un poste de réception qui capte et filtre un champ de conscience universelle, plutôt que comme une source de conscience. Cependant, cette analogie échoue lorsqu’on l’examine de près. Si le cerveau était simplement un filtre ou un localisateur, pourquoi l’augmentation de sa complexité durant l’évolution correspondrait-elle à une richesse et une sophistication accrues de l’expérience consciente ? Pourquoi les dommages localisés au cerveau produiraient-ils des déficits spécifiques et prévisibles dans l’expérience consciente ? La métaphore du récepteur ne rend pas compte de ces faits de manière satisfaisante.[45][46][43][4][32][9][10][34]

L’Externalisation : Un Concept Creux

Le concept d’« externalisation » est central à la tentative de Kastrup de concilier l’idéalisme avec l’apparente objectivité du monde physique et les corrélations cerveau-esprit. Selon lui, ce que nous appelons le monde physique – incluant nos propres cerveaux – est la manière dont les processus mentaux apparaissent lorsqu’ils sont observés d’un point de vue « extérieur » à un esprit donné.[47][17][1][24]

Cependant, ce concept soulève plus de questions qu’il n’en résout. Qu’est-ce exactement qu’un « point de vue extérieur » dans un cadre purement idéaliste où tout est esprit ? Comment un processus mental peut-il apparaître comme quelque chose d’autre qu’un processus mental ? Si l’apparence physique est elle-même une expérience mentale (comme elle doit l’être dans un cadre idéaliste), alors nous avons simplement une expérience mentale (le cerveau tel que perçu) qui est censée correspondre à une autre expérience mentale (le processus mental sous-jacent). Mais quelle est la relation entre ces deux expériences mentales ?[2][8]

Kastrup n’offre aucune spécification détaillée du mécanisme d’externalisation. Aucune loi, aucun principe, aucune équation ne nous indique comment et pourquoi les états mentaux s’externalisent précisément de cette manière plutôt que d’une autre. Contrairement aux lois physiques qui permettent des prédictions quantitatives précises, le concept d’externalisation reste vague et non contraignant. Il semble fonctionner comme un « bouche-trou » conceptuel – une étiquette appliquée à un mystère plutôt qu’une explication du mystère.[8]

Arguments Neuroscientifiques et la Viabilité de l’Émergence

La Conscience comme Phénomène Émergent : Preuve Conceptuelle et Empirique

Contrairement à l’affirmation de Kastrup selon laquelle le matérialisme ne peut expliquer la conscience, les neurosciences contemporaines offrent un cadre robuste pour comprendre la conscience comme un phénomène émergent résultant de l’organisation complexe du système nerveux. L’émergence faible – où les propriétés de niveau supérieur peuvent être expliquées en termes de propriétés de niveau inférieur et de leurs interactions – est omniprésente dans la nature.[25][9][10][33]

Des recherches récentes proposent des modèles multi-échelles de l’émergence consciente, allant des processus neuronaux au niveau moléculaire aux interactions de réseaux cérébraux à grande échelle. À l’échelle moléculaire, la dynamique non linéaire des canaux ioniques et de la transmission synaptique crée le substrat pour des comportements neuronaux complexes. À l’échelle cellulaire, les patterns de décharge neuronale et les dynamiques de circuits locaux donnent lieu à des oscillations et des rythmes qui semblent jouer un rôle crucial dans la conscience en liant temporellement des activités neuronales distribuées.[9][10][33]

À la méso-échelle, la coordination d’assemblées neuronales et de réseaux en petit monde permet l’intégration d’informations diversifiées. À l’échelle macro, les interactions de réseaux cérébraux à grande échelle – comme le réseau du mode par défaut, le réseau de saillance, et le réseau de contrôle exécutif – sous-tendent différents aspects de l’expérience consciente. La formation et la dissolution dynamiques d’un « noyau dynamique » d’activité neuronale synchronisée, comme proposé par Edelman et Tononi, fournit un mécanisme pour la nature sélective et changeante de la conscience.[10][9]

Ces modèles sont soutenus par des preuves empiriques considérables. La théorie de l’information intégrée (IIT) d’Tononi, bien que controversée, offre une mesure quantitative de la conscience (Φ) basée sur le degré d’intégration d’information dans un système. Les études utilisant l’électroencéphalographie (EEG), la magnétoencéphalographie (MEG), et l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) ont identifié des « corrélats neuronaux de la conscience » – des patterns spécifiques d’activité cérébrale associés de manière fiable à des états conscients versus non conscients.[32][33][9][10]

Kastrup rejette facilement le concept d’émergence comme « inutile », mais cette attitude ignore les distinctions importantes entre différents types d’émergence et les succès explicatifs substantiels de l’approche émergentiste en neurosciences. L’émergence faible n’implique aucune « magie » ; elle décrit simplement comment des interactions complexes entre composants peuvent donner lieu à des propriétés systémiques qui, bien qu’en principe réductibles, sont mieux comprises et décrites au niveau systémique.[48][33][25][10]

Clôture Causale du Domaine Physique et Efficacité Causale de la Conscience

Un argument puissant en faveur du matérialisme repose sur le principe de clôture causale du domaine physique : tous les effets physiques ont des causes physiques complètes. Ce principe est largement accepté en science moderne et sous-tend la confiance que nous accordons aux explications physiques des phénomènes naturels.[44][49][42][36]

Si la clôture causale est vraie, et si les expériences conscientes ont des effets physiques (comme elles le semblent manifestement – nos intentions semblent causer nos actions), alors les expériences conscientes doivent elles-mêmes être physiques ou supervenir sur le physique. L’alternative serait soit l’épiphénoménalisme (la conscience est causalement inerte), soit une surdétermination causale systématique (les événements physiques sont causés à la fois par d’autres événements physiques et par des événements mentaux non physiques), soit un rejet de la clôture causale et l’invocation de forces non physiques mystérieuses.[42][44]

Chacune de ces alternatives pose de sérieux problèmes. L’épiphénoménalisme rend mystérieux pourquoi nous parlons de conscience si la conscience n’a aucun effet causal. La surdétermination causale systématique viole notre intuition forte que les événements n’ont généralement qu’une cause suffisante. Et rejeter la clôture causale nécessite de postuler des lacunes dans l’explication physique qui n’ont jamais été démontrées et qui semblent incompatibles avec les succès de la physique moderne.[50][43][44][34][42]

L’idéalisme de Kastrup tente d’éviter ces problèmes en affirmant que tout est mental, donc il n’y a pas de problème de causalité esprit-corps. Cependant, cette solution est illusoire. Si le cerveau physique et les états mentaux sont tous deux « mentaux », cela n’explique toujours pas leur relation causale spécifique. Pourquoi cette configuration particulière d’états mentaux (le « cerveau ») correspond-elle à cette expérience particulière (la « conscience individuelle ») ? La simple assertion que « tout est mental » ne fournit pas de mécanisme causal concret.[18][2][8]

Problèmes d’Objectivité et d’Intersubjectivité

Le Paradoxe du Monde Extérieur dans un Cadre Idéaliste

Un problème persistant pour l’idéalisme analytique concerne son traitement de l’objectivité et de l’extériorité du monde. Kastrup insiste sur le fait qu’il existe un monde extérieur à nos esprits individuels, et que ce monde se déploie spontanément selon ses propres dispositions inhérentes, produisant les régularités que nous appelons les lois de la nature. Cependant, maintenir cette position tout en restant fidèle aux principes fondamentaux de l’idéalisme s’avère profondément problématique.[17][5][18][2]

L’idéalisme affirme que toute réalité est mentale, que rien n’existe en dehors de l’esprit. Mais alors, qu’est-ce que cela signifie de dire que le monde est « extérieur » à nos esprits individuels ? Si le monde est lui-même mental (étant un aspect ou un produit de l’esprit universel), et si nos esprits individuels sont des « alters » ou des dissociations de cet esprit universel, alors dans quel sens le monde peut-il être vraiment « extérieur » à nous ?[3][1][2][8]

Un critique note avec perspicacité : « Si le monde est ‘dans’ l’esprit, et si chaque conscience individuelle n’est jamais qu’une auto-dissociation de l’esprit donnant lieu à une espèce de ‘nœud’, alors le seul énoncé légitime qu’on en puisse tirer est que chaque conscience individuelle est un point de vue partiel de l’esprit sur lui-même, et non que le monde soit extérieur à la conscience ». L’affirmation d’extériorité semble incompatible avec les prémisses fondamentales de l’idéalisme analytique.[2]

Berkeley, le grand idéaliste historique, résolvait ce problème en invoquant Dieu : le monde persiste lorsque nous ne le percevons pas parce qu’il existe continuellement dans la perception de Dieu. Mais Kastrup rejette explicitement cette solution théiste. Son esprit universel n’est pas un Dieu omniscient et bienveillant, mais plutôt un champ de subjectivité non-réfléchi et impersonnel. Un tel esprit peut-il vraiment garantir l’objectivité et la persistance du monde phénoménal de la manière requise ?[19][20][21][51][13][16][1][14][8]

Intersubjectivité : Le Problème des Autres Esprits Persiste

Un défi connexe concerne l’intersubjectivité – le fait que nous semblons partager un monde commun avec d’autres sujets conscients. Le matérialisme explique cela directement : nous habitons tous le même monde physique objectif, et nos perceptions, bien qu’elles soient des processus internes à nos cerveaux respectifs, sont causées par les mêmes objets et événements physiques. Cette convergence causale commune explique pourquoi nos expériences sont largement cohérentes et mutuellement intelligibles.[52][53][16][6]

L’idéalisme doit fournir une explication alternative. Kastrup propose que nous partageons un monde commun parce que nous sommes tous des « alters » du même esprit universel sous-jacent. Nos expériences convergent parce qu’elles émergent toutes du même substrat mental. Cependant, cette explication soulève des questions difficiles. Si les frontières entre les consciences individuelles sont créées par la dissociation, pourquoi ne pouvons-nous pas accéder directement aux expériences d’autrui ?[22][53][13][16][2][8]

Dans le TDI humain, bien que les alters puissent être inconscients les uns des autres, ils partagent néanmoins des souvenirs, des compétences, et un corps commun. Il existe une perméabilité et une communication, même si elles sont pathologiques et fragmentées. Rien de tel n’existe entre des esprits humains distincts. Je n’ai absolument aucun accès direct à vos qualia, vos pensées, ou vos expériences. Le problème des autres esprits – comment puis-je savoir que d’autres consciences existent – reste aussi aigu dans le cadre de Kastrup que dans les cadres dualistes ou matérialistes traditionnels.[53][23][16][6][8]

Certains critiques suggèrent que l’idéalisme analytique n’est qu’un « solipsisme cosmique » dans lequel le sujet solipsiste a simplement été projeté à l’échelle de l’univers. Au lieu d’être emprisonné dans ma propre conscience individuelle, je suis censé être un fragment d’une conscience cosmique dont je n’ai aucune conscience directe. Mais cette projection ne résout pas le problème fondamental de l’accès aux autres esprits ; elle le reformule simplement en termes plus grandioses et moins testables.[15][5][16][14]

L’Argument des Zombies Philosophiques et ses Implications

Concevabilité des Zombies et Implications pour l’Idéalisme

L’argument des zombies philosophiques, développé notamment par David Chalmers, constitue l’un des défis les plus puissants au physicalisme. Un zombie philosophique est défini comme un être physiquement indiscernable d’un humain conscient normal – molécule pour molécule identique – mais entièrement dépourvu d’expérience consciente subjective. Il n’y a « rien que cela fait » d’être un zombie. Pourtant, les zombies se comportent exactement comme nous, y compris en affirmant être conscients.[41][54][55][56][57][58]

Si les zombies sont même logiquement possibles (pas nécessairement réels ou physiquement possibles dans notre monde), alors il existerait un fossé explicatif entre les faits physiques et les faits phénoménaux de la conscience. La structure de l’argument est la suivante : (1) Les zombies sont concevables ; (2) Si les zombies sont concevables, ils sont métaphysiquement possibles ; (3) Si les zombies sont métaphysiquement possibles, le physicalisme est faux ; (4) Donc le physicalisme est faux.[54][55][56][57][41]

Kastrup pourrait sembler immunisé contre cet argument puisqu’il rejette le physicalisme de toute façon. Cependant, l’argument des zombies révèle des problèmes plus profonds qui affectent également l’idéalisme analytique. Si nous pouvons concevoir un être qui se comporte exactement comme un humain conscient mais qui manque de conscience, cela suggère que la conscience n’a pas d’efficacité causale – elle est épiphénoménale. Les zombies produisent tous les comportements verbaux appropriés concernant la conscience (« Je suis conscient », « Je ressens de la douleur », etc.) sans expérience consciente réelle.[55][56][50][54]

Cela pose un problème sérieux pour toute théorie de la conscience, y compris l’idéalisme. Si la conscience n’a pas d’effets causaux sur le comportement, pourquoi en parlons-nous ? Comment pouvons-nous même former des croyances sur la conscience ? L’argument des zombies, poussé à son terme, suggère soit que nous devrions être éliminativistes à propos de la conscience (nier qu’elle existe), soit que nous devrions accepter une forme d’illusionnisme (la conscience semble exister d’une certaine manière mais cette apparence est trompeuse).[59][60][61][50][54]

Alternativement, nous pourrions rejeter la concevabilité des zombies, comme le font certains philosophes matérialistes tels que Daniel Dennett. Dennett argue que les zombies ne sont pas véritablement concevables de manière cohérente ; l’idée d’un système qui se comporte exactement comme un humain conscient sans être conscient est en réalité incohérente. Cette ligne de défense est disponible tant pour le matérialisme que pour l’idéalisme, mais elle nécessite de soutenir que notre intuition forte concernant la concevabilité des zombies est erronée – une position controversée.[58][41][55]

La Menace de l’Éliminativisme et de l’Illusionnisme

Une conséquence perturbante de l’argument des zombies est qu’il pourrait menacer la réalité même de la conscience que nous cherchons à expliquer. Si les zombies sont possibles, et s’ils peuvent parler de la conscience exactement comme nous le faisons sans être conscients, alors qu’est-ce qui nous assure que nous ne sommes pas nous-mêmes des zombies ? Comment pouvons-nous savoir que nous avons une véritable expérience consciente plutôt qu’une simple illusion d’expérience consciente ?[60][61][50][59][55]

Cette ligne de pensée conduit à l’illusionnisme – la position selon laquelle la conscience phénoménale, telle que nous la concevons habituellement, est une illusion. Les illusionnistes, comme Keith Frankish, affirment que nous sommes victimes d’une illusion introspective : il nous semble que nous avons des qualia, des expériences subjectives, un « quelque chose que cela fait » d’être nous, mais cette apparence est trompeuse. Ce qui existe réellement, ce sont des processus cognitifs et neuronaux complexes qui nous donnent l’illusion d’avoir une vie mentale subjective.[62][50][59][60]

L’éliminativisme va encore plus loin en affirmant que les concepts de la psychologie populaire – croyances, désirs, sensations, qualia – sont des catégories mal définies qui ne correspondent à rien dans la réalité neurobiologique et devraient être éliminées de notre ontologie, tout comme le phlogistique fut éliminé de la chimie. Certaines versions de l’éliminativisme ciblent spécifiquement les qualia et la conscience phénoménale.[61][63][64][50][59]

L’idéalisme de Kastrup, ironiquement, pourrait être vulnérable à ce type de critique. Si la conscience ne peut pas être définie de manière cohérente (comme le suggèrent les ambiguïtés entre conscience phénoménale, conscience d’accès, conscience réflexive, etc.), si elle n’a pas d’efficacité causale claire (comme le suggère l’argument des zombies), et si nos rapports introspectifs sur la conscience sont peu fiables (comme le démontre la recherche psychologique sur l’introspection), alors peut-être que le concept même de conscience que Kastrup cherche à rendre fondamental est lui-même problématique.[50][59][60][61]

Autres Objections : Théodicée, Évolution, et Valeur Existentielle

Le Problème du Mal Revisité

L’idéalisme analytique hérite d’une version du problème classique du mal, bien que Kastrup nie explicitement qu’il y ait un problème. Si toute réalité émane d’un esprit universel, comment explique-t-on l’existence de la souffrance, de la douleur, du mal et de la tragédie dans le monde ? Kastrup répond que sous l’idéalisme, contrairement au théisme, il n’y a pas de problème du mal parce qu’il n’y a pas de Dieu omnibenevolent dont les propriétés entreraient en conflit avec l’existence du mal. L’esprit universel est simplement la nature elle-même, et la souffrance fait partie de la nature.[38][14]

Cependant, cette réponse est insatisfaisante pour plusieurs raisons. Premièrement, si l’esprit universel est le fondement de toute réalité et si tous les phénomènes sont des « excitations » ou des modulations de cet esprit, alors la souffrance et le mal sont des modalités de l’esprit universel lui-même. Pourquoi un substrat mental produirait-il de la souffrance ? Le matérialisme peut répondre que la souffrance a émergé par l’évolution comme un mécanisme de signalisation aversive utile pour la survie – elle a une fonction adaptative. Mais quelle serait la « fonction » de la souffrance dans un cadre idéaliste où l’esprit universel n’a ni objectifs, ni intentions, ni besoins évolutifs ?[65][38][32][14]

Deuxièmement, le fait que l’esprit universel de Kastrup soit « non-réfléchi » et « primitif » rend la situation encore plus mystérieuse. Si l’esprit universel n’est pas conscient au sens réfléchi, comment peut-il « expérimenter » quoi que ce soit, et encore moins la souffrance ? Et si la souffrance n’existe qu’au niveau des consciences individuelles dissociées, alors nous sommes de retour à expliquer pourquoi le processus de dissociation produit systématiquement des êtres capables de souffrir.[13][1][2][8]

Troisièmement, les tentatives de Kastrup pour concilier son idéalisme avec une perspective existentielle « significative » se heurtent au même problème que les théodicées théistes. Il suggère que la dissociation permet à l’esprit universel de « s’explorer lui-même » ou de « se connaître lui-même ». Mais si cet esprit n’est pas réfléchi et n’a pas d’intentions, comment peut-on attribuer un tel « but » au processus ? Il semble que Kastrup anthropomorphise subrepticement l’esprit universel lorsque cela sert ses objectifs rhétoriques, tout en niant qu’il soit conscient ou intentionnel quand cela pose des problèmes théologiques.[1][13][14][8]

L’Évolution et l’Incompatibilité avec la Dissociation Mentale

Un problème particulièrement dévastateur pour l’idéalisme analytique concerne son incompatibilité avec la théorie de l’évolution. Kastrup invoque fréquemment des arguments évolutionnistes – par exemple, en citant l’argument de Donald Hoffman selon lequel nos perceptions sont adaptées pour la fitness plutôt que pour la vérité. Cependant, sa propre métaphysique rend l’évolution des esprits conceptuellement impossible.[46][8]

L’évolution biologique repose sur l’hérédité : les caractéristiques sont transmises des parents à la progéniture via la reproduction, et les variations avantageuses s’accumulent progressivement au fil de nombreuses générations grâce à la sélection naturelle. Ce mécanisme nécessite qu’il y ait des générations successives qui maintiennent et transmettent l’information génétique.[46][8]

Dans l’idéalisme analytique, cependant, le « parent » de chaque esprit est l’esprit universel, qui donne naissance aux consciences individuelles par dissociation. Mon esprit, votre esprit, les esprits d’Homo erectus, et les esprits de chaque autre étape de notre prétendu parcours évolutif ont tous émergé non pas de leurs parents biologiques, mais de la conscience universelle elle-même. Il n’y a donc pas de générations d’esprits qui permettraient l’accumulation graduelle de petits changements. Nous sommes tous des « esprits de première génération » partageant le même parent mental, ce qui représente un problème majeur pour toute tentative d’appliquer la théorie évolutionniste aux esprits dans le cadre de l’idéalisme analytique.[13][46][2][8]

Kastrup pourrait répondre que c’est l’esprit universel lui-même qui évolue parallèlement à l’évolution biologique, mais cela introduirait un mystérieux parallélisme psycho-physique sans mécanisme explicatif. Pourquoi et comment l’esprit universel « déciderait-il » de se dissocier en patterns de plus en plus complexes qui correspondent exactement à l’évolution biologique ? Le matérialisme évite ces contorsions en identifiant simplement l’évolution biologique (incluant le développement de systèmes nerveux de plus en plus complexes) avec l’évolution de la conscience.[33][46][9][10][8]

La Fausse Promesse de la Vie Après la Mort

Kastrup suggère que son idéalisme offre une perspective plus positive et significative sur la mortalité que le matérialisme. Selon lui, la mort biologique n’est pas l’annihilation complète mais plutôt une « dé-dissociation » – une fusion de notre conscience individuelle avec l’esprit universel dont elle s’était temporairement séparée. Cette perspective est présentée comme réconfortante et libératrice, offrant une forme de continuité au-delà de la mort physique.[4][8]

Cependant, un examen critique révèle que cette « vie après la mort » équivaut en réalité à l’annihilation complète de la personne. Si l’esprit universel est non-réflexif, non-linguistique et non-personnel, alors lorsque ma conscience individuelle se « dé-dissocie » et fusionne avec lui, mes souvenirs, mon identité, mes relations, mes projets – tout ce qui fait de moi « moi » – se dissolvent dans une affection diffuse. C’est l’oblitération, pas la survie. Appeler cela « vie après la mort » est une fraude sémantique.[8]

Le matérialisme, au moins, offre une honnêteté sobre : la conscience prend fin quand le cerveau meurt. Il n’y a pas de faux espoir de continuité personnelle. Comme l’observe un critique, le choix est brutal : finitude honnête ou lobotomie cosmique. La promesse de Kastrup d’un « univers significatif » résonne peut-être avec les podcasters qui ont disséqué le vide de l’athéisme, mais si tout est mental, la mort reste soit une rupture, soit notre propre écho – pas une réunion bienveillante.[8]

Conclusion : Évaluation Globale de l’Idéalisme Analytique

L’idéalisme analytique de Bernardo Kastrup représente une tentative philosophique ambitieuse et audacieuse de renverser le paradigme matérialiste dominant en neurosciences et en philosophie de l’esprit. Son projet mérite d’être pris au sérieux comme contribution au débat métaphysique contemporain. Kastrup démontre une maîtrise impressionnante de la littérature philosophique et scientifique pertinente, et sa critique de certains aspects du matérialisme naïf identifie de véritables problèmes.[66][7][3][4][1][2]

Cependant, comme cette analyse approfondie l’a démontré, l’idéalisme analytique souffre de multiples failles graves qui compromettent sa viabilité comme alternative au matérialisme. Les problèmes incluent : (1) une parcimonie illusoire qui masque la multiplication d’entités métaphysiques non testables ; (2) l’inversion paradoxale d’une conscience universelle primitive générant des consciences individuelles sophistiquées sans mécanisme explicatif plausible ; (3) une métaphore de dissociation qui s’effondre sous l’examen critique et qui ne possède pas d’analogue scientifique robuste ; (4) une non-falsifiabilité qui relègue la théorie au statut de spéculation métaphysique plutôt que de cadre scientifiquement fécond ; (5) l’échec de résoudre véritablement le problème difficile de la conscience, se contentant de le renommer ; (6) l’incapacité d’expliquer les corrélations étroites et systématiques entre états cérébraux et états mentaux de manière plus satisfaisante que le matérialisme ; (7) des problèmes persistants concernant l’objectivité, l’intersubjectivité et le solipsisme ; (8) une incompatibilité avec la théorie de l’évolution ; et (9) des promesses trompeuses concernant la signification existentielle et la vie après la mort.[5][23][12][15][16][6][46][32][10][14][26][8]

Face à ces défis considérables, et compte tenu des progrès substantiels que les neurosciences continuent de réaliser dans la compréhension des bases neurobiologiques de la conscience, le matérialisme émergentiste demeure le cadre métaphysique le plus robuste, le plus parcimonieux et le plus scientifiquement fécond pour aborder le problème de la conscience. Cette conclusion ne nie pas l’importance des questions profondes que Kastrup soulève, ni la légitimité de l’entreprise métaphysique elle-même. Elle affirme simplement que, sur la base des arguments et des preuves disponibles, l’idéalisme analytique n’a pas réussi à établir sa supériorité sur le matérialisme qu’il cherche à supplanter.[11][12][32][42][9][10][33]

Pour les chercheurs et penseurs travaillant sur des projets comme Atheopedia, qui examinent de manière critique les affirmations extraordinaires et les systèmes de pensée, l’analyse de l’idéalisme analytique offre un cas d’étude précieux. Elle illustre comment une position métaphysique peut être articulée avec éloquence et sophistication tout en souffrant de failles logiques et empiriques fondamentales. Elle démontre l’importance de maintenir des standards rigoureux de parcimonie, de testabilité et de cohérence lors de l’évaluation de théories ambitieuses qui prétendent révolutionner notre compréhension de la réalité. Et elle souligne la nécessité de distinguer entre la profondeur apparente d’une théorie et sa véritable capacité explicative – une distinction cruciale pour toute entreprise intellectuelle critique.

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Sources des arguments critiques

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